18 décembre 2006

La Seine est une poésie

Je suis allé voir vendredi dernier 24 heures de la vie d'une femme de Stefan Zweig dans l'un de ces petits théâtres parisiens qui abondent du côté de la Bastille. La comédienne qui interprétait l'héroïne était souvent hésitante si bien que je n'étais attentif qu'aux moments où elle allait buter sur les mots. Je m'amusais à prévoir ces accidents de parcours et je dois dire que je réussissais parfaitement à ce jeu-là.
La nuit était tombée depuis longtemps quand je suis sorti. Je suis rentré chez moi à pied et en passant sur un pont j'ai vu ces bateaux naviguer sur la Seine. J'ai trouvé ce spectacle très beau, et j'ai pris ces photos.

16 décembre 2006

MSR 103 FM à Montrésor !

Le week end dernier s'est déroulé le Téléthon afin de récolter de l'argent pour la recherche sur les maladies génétiques. Plus de 101 millions d'euros de promesses de dons ont été enregistrées au 36 37, la ligne du don.
J'ai connu le Téléthon à ses débuts par le Lions Club, qui participe à cette action humanitaire en répondant au 36 37. Mon père fut l'un des membres fondateurs du club de L'Aigle en Normandie, et j'ai gardé le contact avec certains de ses membres historiques. Mais je n'avais jamais participé à l'opération. Aujourd'hui c'est fait, grâce à la superbe équipe de bénévoles qui se démènent avec toujours autant de passion pour faire vivre la vie sociale et culturelle à Montrésor.
J'ai déjà eu l'occasion à maintes reprises de vous parler de Montrésor, village situé près de Tours, comme l'été dernier à l'occasion de La Folle Visite et des Nuits Solaires (voir chroniques de juillet 2006). Les deux Catherine, Laurent, Frédéric, Thierry, Xavier, Jean-Pierre et beaucoup d'autres – ils me pardonneront de ne pas les citer tous ! inventent, créent, imaginent et... font, ce qui n'est pas toujours le cas ailleurs. Que l'on me pardonne, encore une fois, cette exaltation, mais je suis admiratif de cette énergie dirigée vers l'autre, de ces projets qui favorisent le rapprochement des uns et des autres.
Une radio permet ce lien social. Quand Catherine m'a proposé de participer à l'animation d'une radio temporaire pour le Téléthon à Montrésor, j'ai trouvé l'idée gonflée et en même temps magnifique. Et comme toujours cette idée s'est concrétisée. Les autorisations même si elles ont tardé ont été accordées par le CSA, une antenne a été dressée sur le point le plus élevé du village : le château de Montrésor,

le matériel pour monter un studio a été prêté par Laurent et son association TBS, le studio a été installé au premier étage du Café de la Ville, dont le patron Frédéric est lui aussi un pilier de l'animation locale.




Et d'autres, d'autres encore qui se sont joints à la création et à l'animation de MSR 103 FM, la première radio à émettre depuis Montrésor !
L'antenne a été ouverte en fin d'après-midi le vendredi et un au revoir (temporaire ?!) a été adressé aux auditeurs le lendemain à 23 h. Durant tout ce temps, de la musique, des chroniques, des appels au don bien sûr, des revues de presse, des interviews ont ponctué l'antenne. Au cours de ce défilé sympathique et dynamique d'acteurs de la vie locale, des responsables d'associations, le maire de Montrésor, le conseiller général du canton, le correspondant de La Nouvelle République, j'ai vécu une joie personnelle due à Frédéric, qui avait invité son ami Eric Yung à venir parler au micro. Eric Yung, je l'ai rencontré il y a 20 ans lorsque jeune journaliste j'ai intégré la rédaction de France Inter pour un stage d'été. Bien avant cette rencontre, j'écoutais sur les ondes ce spécialiste des faits divers raconter un crime ou une enquête, et j'avais été très heureux de l'approcher "en vrai". 20 ans plus tard, le retrouver sur MSR... pour l'interviewer. Bonheur total !
Voilà. En quelques mots, j'ai exprimé ma joie d'avoir participé à ce projet radiophonique pour une bonne cause, et d'avoir noué de nouvelles relations. Une semaine après, j'en suis encore plus heureux et plus fier. De tout coeur, merci Montrésor !

05 décembre 2006

Soleil-matin




Je suis parti de chez moi vers 8 h pour aller au travail et je me suis retrouvé sur ce pont de Paris. Comme je le fais chaque jour, j'aurais pu poursuivre mon chemin tel un automate sans me rendre compte de rien. J'ignore pourquoi mais cette fois-ci j'ai relevé le nez, et j'ai découvert cette beauté sublime : un lever de soleil. Toute la journée, j'ai repensé à cette lumière, ce ciel cotonneux, cette flamboyance. Une nuit qui se termine par ce spectacle, une journée qui naît ainsi, c'est magique !


01 décembre 2006

Le Jardin des Dessins

En présence de Pierre Bergé, Line Renaud et l'artiste Fabrice Hyber



Jacques Chirac a inauguré ce matin l'Artère, le Jardin des Dessins, une oeuvre de Fabrice Hyber au Parc de la Villette. Sur 1 000 mètres carrés, l'artiste a réalisé des dessins à l'aide de 10 000 carreaux de céramique afin de rendre hommage à la lutte contre le sida. L'oeuvre retrace "différents moments de la maladie : les peurs qu'elle a engendrées, l'inconnu contre lequel il a fallu se battre, les ressources trouvées".
La présence du président de la République à cette inauguration était réconfortante même si elle ne dissimule pas les inquiétudes légitimes que l'on peut avoir à l'égard des manquements de l'Etat vis-à-vis des malades. Quelques militants d'Act Up ont heureusement rappelé quelques vérités sur ce sujet.
Ah ! Les militants. Heureusement qu'ils sont là pour poursuivre le combat désormais largement ignoré par les médias. J'ai été frappé par l'absence de mobilisation de la presse, des radios et des télévisions ces derniers jours alors que l'épidémie progresse plus que jamais, en France et dans le monde. Mais il est plus intéressant de faire le beau sur un plateau avec Sarkozy durant trois heures - un candidat à la présidentielle dont on sait qu'il est candidat depuis bientôt cinq ans, ou de se pâmer devant la Blanche Colombe, que de parler du sida chez les homos, les migrants ou les femmes. Un articulet ou un 45 secondes le 1er décembre, et vite on passe au prochain bon mot de Sarko sur Royal. Pathétique. Ou plutôt criminel.

Un vaccin contre le sida

L’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS) lance un nouvel appel à volontaires pour participer à de futurs essais de vaccin préventif contre le sida. Durant le temps de la campagne, du 29 novembre 2006 au 10 janvier 2007, un site Internet a été créé pour informer les personnes intéressées (y accéder en cliquant sur le titre de cette chronique). Un service de renseignement téléphonique est aussi accessible au 0 800 156 156 (appel gratuit à partir d'un poste fixe).

30 novembre 2006

Sida : où sont les candidatEs ?

A la veille de la Journée mondiale contre le sida, la traditionnelle manifestation de solidarité et d'interpellation organisée par ACT UP s'est déroulée ce soir entre la place de la Bastille et le musée Georges Pompidou. Le mot d'ordre choisi cette année était Sida : où sont les candidatEs ?



Voici quelques photos de cet événement.







29 novembre 2006

Quand on se fout du sida


A l'occasion de la Journée mondiale contre le sida, ce 1er décembre, Sida Info Service a réalisé un dossier sur "20 ans d'actions des femmes en politique dans la lutte contre le sida". Michèle Barzach, Corinne Lepage, Elisabeth Guigou, Françoise de Panafieu, Martine Aubry et beaucoup d'autres femmes politiques de droite et de gauche, ont répondu à une interview consacrée à la mémoire du sida et aux perspectives de lutte contre l'épidémie alors que celle-ci poursuit sa progression notamment chez les gays. Toutes ces interviews ont leur intérêt. Toutes sauf une. Ou plutôt cette "interview" mérite qu'on s'y arrête tant elle montre le mépris que certains politiques peuvent avoir pour la question du sida. Valérie Pécresse, pour ne pas la nommer, députée des Yvelines et porte-parole de l'UMP, a envoyé à Sida Info Service des réponses... succintes. Je vous laisse découvrir sur le site de SIS, en cliquant sur le titre de cette chronique, la richesse intellectuelle et la force argumentaire de cette femme, qui ne manqueront pas de rester dans l'histoire du sida. Si le mot honte trouve aujourd'hui un visage, c'est bien celui de Valérie Pécresse.

25 novembre 2006

Soleil rémois

Je ne devrais pas être à Paris ce ouikend mais en Normandie. Vous l'aurez compris, la SNCF est en grève, en tout cas sur la ligne Paris-Granville, et j'ai dû une nouvelle fois annuler mon voyage. Parfois je me demande si le fourre-tout que constitue ce blog ne devrait pas plutôt se recentrer sur les désagréments que procure quasi quotidiennement cette ligne maudite. J'aurais tous les jours de quoi alimenter mes chroniques ! Je devrais y réfléchir alors que Croisements – Le blog d'AP3M viens de franchir les six mois d'existence. Je m'en suis aperçu tout à l'heure et j'en suis assez fier car il est rare que je tienne un projet aussi longtemps.
La première journée de ce ouikend parisien imprévu m'a permis de me reposer des deux derniers jours passés à Reims pour un colloque sur les hépatites. Un colloque, ce n'est pas éprouvant physiquement puisqu'on est assis toute la journée mais il l'est psychiquement. Entendre des discours pendant des heures, prendre des notes, fixer son attention sur un sujet pointu, essayer de comprendre l'intervention de tel ou tel particulièrement mal fagotée, ça use ! Enfin je ne voudrais pas donner l'impression de me plaindre tant ma présence à ces colloques me ravit. Elle me ravit avant tout parce qu'ils permettent de rencontrer des militants associatifs pertinents et combattifs, qui ne se laissent pas compter par les instances officielles. Si l'Etat ne fait pas son boulot, les militants sont là pour le rappeler à l'ordre. C'est essentiel et admirable.
Hier matin, en quittant l'hôtel pour assister à la dernière journée du colloque, je me suis arrêté pour assister au lever du soleil. Heureusement, j'avais mon appareil photo avec moi. Ca me fera là encore un très beau souvenir.

21 novembre 2006

Place des Mythos

Place des Mythos, c’est une pièce de théâtre sur la rumeur et l’homophobie. Je l’ai vue hier soir et j’en suis ressorti fou de bonheur car c'est un spectacle de très grande qualité. Sur scène, une quinzaine de jeunes, garçons et filles. Voici ce qu'ils disent de leur travail :

"Nous le disons dans un spectacle qui fait partie d’un projet culturel qui existe depuis dix ans, qui a mis en place des ateliers artistiques : théâtre, danse hip-hop, musique, chant, percussions... que remplissent les jeunes des quartiers dits « sensibles ». Depuis dix ans, nous montons des comédies musicales sur des sujets qui ont une résonnance dans notre vécu, dans celui de nos potes et même de nos parents : les violences sous toutes leurs formes : sociales, familiales, culturelles ou religieuses.

Sur le plateau il y a : des Noirs, des Blancs, des Arabes, des gars, des filles, des handicapés, des valides, des musulmans, des chrétiens, des juifs... des Français, quoi. Un auteur, un chorégraphe, un compositeur travaillent pour nous et avec nous. Les institutions, tant bien que mal, nous soutiennent : la préfecture de l’Essonne, le FASILD, le ministère de la Justice, la DRAC Ile-de-France, le conseil général de l’Essonne et notre plus fidèle partenaire : la ville de Ris-Orangis. (Ce n’est pas rien tout ça).

Cette année, nous avons choisi de parler de ce qui nous pourrit la vie : la rumeur et l’homophobie.

Venez nous voir et on pourra vous expliquer pourquoi l’éducation vaut mieux que la répression ; que cette pauvre action culturelle à deux balles a détourné des centaines d’entre nous du « mauvais choix », a modifié nos comportements ou simplement sauvé certains d’entre nous d’une histoire familiale abrutissante. N’ayez pas peur, venez, en plus c'est à Paris (et nous on en rêvait !), voir par vous-même ; c’est bien mieux que la télé."

Place des Mythos a été jouée dimanche et lundi. Une prochaine représentation devrait avoir lieu le 13 janvier 2007. J'espère qu'il y en aura beaucoup d'autres ! Pour se renseigner, il suffit d'appeler l'un de ces numéros : 01 69 02 13 27 ou 01 69 02 13 29.

19 novembre 2006

La culture, ça tue !

Persévérer permet souvent de trouver son bonheur. Cette maxime dont je ne sais si elle se vérifie dans d'autres occasions fait assurément tilt avec le FFGLP. J'ai vu cet après-midi Loggerheads de l'Américain Tim Kirman, un beau film sur le destin de trois personnages liés à un quatrième, Mark. Je n'en dirai pas plus sur ce film qui sortira en salle début 2007. Je souhaitais juste, en écho à ma chronique d'hier, signaler que le Festival m'a encore apporté cette année une belle satisfaction cinématographique.
Poursuivant mon ouikend culturel, j'ai rejoint le Vingtième Théâtre pour assister à la représentation de Torch Song Trilogy, une pièce gaie écrite dans les années 1970. Spectacle à voir pour les sujets abordés : amour, homophobie, adoption par les gays (comme quoi ce n'est pas nouveau !), etc.
Ce soir, je suis crevé et je n'ai pas le courage de faire une longue chronique. Si vous êtes plus courageux que moi, n'hésitez pas à laisser vos commentaires sur ce Blog !

18 novembre 2006

FFGLP et Fête des transports

Je prévoyais de faire une petite chronique amicale sur le Festival de films gays et lesbiens de Paris qui se déroule du 14 au 21 novembre au Rex. Seulement ni la Nuit Canal + jeudi, ni les Courts côté garçons hier soir ne m'ont emballé. Ne souhaitant pas jeter la pierre à une équipe qui se démène depuis tant d'années pour faire vivre ce festival, je préfère en rester là. Et puis après tout, je suis peut-être mal tombé, et le reste de la programmation mérite sans doute le détour.
Cet après-midi, je me suis lancé sans le prévoir dans une phénoménale promenade dans Paris. Rive gauche, rive droite, un nombre incroyable de petites rues arpentées.
Arrivé place de la Concorde, j'ai découvert une manifestation sympathique organisée sur le thème des transports. La Fête des transports, aviez-vous connaissance de cela ?! Je me suis arrêté et en ai profité pour prendre quelques photos surprenantes comme celle d'une Ariane 5 en plein Paris,

ou celle de La Jamais Contente, une drôle de petite voiture électrique pilotée par Camille Jenatzy, détenteur belge "du record du monde 1899 par 105 km à l'heure avec accumulateurs Fulmen".

C'est la première fois qu'une automobile franchissait la barre des 100 km/h.Un exploit pour l'époque.

16 novembre 2006

Pom Pom Girl



J'ai repris le travail. Rien d'autre à signaler.

15 novembre 2006

Une conscience disparaît puis renaît

Cette nouvelle publication prouve que je suis toujours là, en pleine forme...
Ce matin, je suis arrivé à la clinique vers 9 h 15 où j'ai été immédiatement pris en charge par une infirmière avenante. Elle a vérifié mon identité, m'a administré un tranquillisant puis m'a conduit dans un box individuel. J'ai été agréablement surpris car en 2001, venu dans cette même clinique pour subir un examen identique, je m'étais retrouvé dans une chambre avec trois ou quatre autres personnes. Cette promiscuité imposée m'avait déplu car je préfère choisir les garçons qui partagent ma chambre...
"Déshabillez-vous entièrement, me dit l'infirmière, enfilez cette chemise, ce bonnet et ces chaussons et vous attendrez qu'on vienne vous chercher." Le ton jovial pris pour me réciter cette formule sans doute répétée des dizaines de fois me convainc que j'étais dans de bonnes mains.
Assis, presque lové dans le creux d'un robuste fauteuil électrique, j'ai attendu mon tour dans un état de douce somnolence parfois troublée par de curieux grognements humains venus de ma gauche. Ces ronflements disparurent assez vite car mon voisin fut bientôt emmené au bloc opératoire. Je pus ainsi profiter tranquillement de mon cher petit domaine hospitalier.
Vers 11 h 30, ce fut mon tour. Un homme à l'accent d'Europe de l'Est prononcé ouvrit le rideau me séparant du monde extérieur et m'emporta dans mon fauteuil devenu lit vers le bloc.
Je me souviens avoir parlé quelques instants avec l'anesthésiste. Je me souviens lui avoir dit que j'acceptais finalement d'être endormi. Je me souviens ensuite d'un masque à oxygène posé sur mon nez. Puis je me revois en train de regarder le plafond. Pour moi, j'étais encore dans la salle d'opération attendant de m'endormir. En fait j'étais dans la salle de réveil. Je trouve cet événement incroyable. Une conscience disparaît, se met en sommeil durant quelques minutes, puis renaît sans s'être rendu compte de rien. Pendant ce temps, le monde continue de tourner, et c'est par rapport à soi qu'il tourne ! L'examen a été réalisé. Une équipe de professionnels s'est occupée de moi. Et tout s'est – bien – passé. Magnifique. Oh oui ! Magnifique. Je suis bien heureux d'avoir vécu cette expérience.

14 novembre 2006

Intérêt catégoriel

Je vais subir demain une petite intervention sous anesthésie en ambulatoire dans une clinique du sud de Paris. C'est l'occasion pour moi de raconter la rencontre toujours intéressante du patient avec le milieu médical. Mercredi dernier, je me suis rendu une première fois à la clinique pour un rendez-vous préliminaire avec l'anesthésiste. Tout s'est très bien passé jusqu'au moment où le médecin m'a demandé si j'avais des problèmes avec mes dents. "Rien de particulier, lui ai-je répondu, si ce n'est une petite douleur au réveil depuis quelque temps lorsque je sers la machoire". "Ca ne m'intéresse pas, a-t-il répliqué sèchement, ce qui m'intéresse, c'est de savoir si vous avez des dents sur pivot par exemple ?" Anecdote sans importance, me direz-vous. Pourtant – est-ce une sensibilité trop grande ?, j'ai ressenti négativement la réaction de ce médecin en l'interprétant comme une fermeture totale à un problème qui me préoccupe malgré tout. Il aurait pu me conseiller d'aller voir mon dentiste au lieu de s'occuper uniquement de sa partie. Ce fractionnement de l'individu en centres d'intérêt purement catégoriels m'a déplû. Pour moi, un médecin même spécialiste doit être à l'écoute globale de son patient. Cette qualité assez rare doit être notée quand elle se produit. Je me souviens avoir fait le choix définitif de mon médecin généraliste lorsque celui-ci après m'avoir ausculté me précisa : "vous savez que cette IST peut être transmissible lors de rapports sexuels non protégés avec un ou une partenaire ?". Et voilà ! Ce qui devait être dit l'avait été sans troubler exagérément l'intimité du patient. Pas besoin d'en rajouter en disant : "Vous êtes homosexuel, non ? Il faut faire attention !". Demain, si tout se passe bien..., je vous raconterai la suite de mon expérience avec les docteurs...

12 novembre 2006

Des larmes au rire

Un collègue m'a parlé de La Cinémathèque française où se déroule actuellement une rétrospective du cinéma expressionniste allemand. Grand amateur de Murnau, il a assisté à plusieurs séances en quelques jours. Tiens, me suis-je dit hier, pourquoi ne pas aller y faire un tour ! C'est ainsi que j'ai découvert que La Cinémathèque française se trouve à 30 minutes de marche de chez moi, qu'il est extrêmement facile de s'y rendre, et que son fonds est d'une richesse extraordinaire. Hier, j'ai vu Moby Dick de John Huston et aujourd'hui L'Homme qui rétrécit de Jack Arnold. J'avais eu l'occasion de voir ces deux films à la télévision, il y a bien longtemps, et j'ai vraiment éprouvé une grande joie à les revoir. L'émotion est toujours aussi grande. Lorsque le capitaine Achab, incarnation du mal, soumet son équipage à sa volonté démoniaque pour retrouver et tuer la baleine blanche, ou lorsque le pauvre Scott Carey, interprété par le superbe Grant Williams, rapetisse et doit lutter contre une araignée monstrueuse pour survivre, on tremble ! Heureusement, une rencontre sympathique m'a vite fait renouer avec une réalité plus agréable. C'est l'avantage du cinéma : il nous fait vite passer du rire aux larmes, ou inversement.

11 novembre 2006

Souvenir de la Grande Guerre

J'ai connu l'existence de mon arrière-grand-oncle Alexandre il y a peu. Un jour, je raconterai pourquoi, et les raisons pour lesquelles il compte autant pour moi.
En mars 1916, il était soldat.
Voici une lettre qu'il a écrite à Emile, son frère.
3 mars 1916
Mon cher Emile,
Le dégel est arrivé et nous pataugeons de plus en plus.
Tout va bien malgé cela. Je crois que les événements vont se précipiter et que nous ne passerons pas ici notre 3ème hiver. J'en ai le ferme espoir.
Reçu carte d'Henri ; il est probable que de son côté ça va chauffer aussi. Toujours beaucoup de besogne.
Je t'embrasse bien affectueusement pour nous deux.
Ton A

Sentires

"Flamenco sous influences" est le sous-titre de Sentires joué actuellement au Vingtième Théâtre à Paris. Arrivé en avance pour être sûr d'obtenir un billet (j'avais téléphoné dans l'après-midi pour réserver mais une machine électronique avait refusé mon paiement par carte), j'ai eu le temps d'entendre quelques échos sur le spectacle. "Magnifique, formidable, je l'ai vu une première fois et je voulais y retourner dès le lendemain !". Ces commentaires confirmaient l'avis d'un oncle et d'une tante eux aussi conquis par Sentires, et qui m'avaient chaudement recommandé le spectacle. Un autre commentaire a toutefois tempéré mes ardeurs. L'une des quatre danseuses se serait blessée la veille et ne serait pas sur scène. Sentires amputé serait-il dévalué ?!
Je connais peu l'histoire du Flamenco. Je n'ai comme référence qu'un spectacle magnifique vu autrefois à la Sorbonne, et un film au titre oublié dans lequel les chants des femmes me rappelaient les cris d'un cochon prêt à être égorgé... Je sais que cette remarque fera hurler les amateurs. Ce fut pourtant mon sentiment.
Pour Sentires, je me suis fié entièrement à mon ressenti. Au début, j'ai eu du mal à entrer dans le spectacle non pas à cause des danseuses, dont le talent est indéniable, mais parce que l'absence d'orchestre me gênait. Je trouve que le Flamenco est aussi une communion entre des musiciens et des danseuses. Or l'absence d'orchestre sur la scène du Vingtième Théâtre, en quelque sorte l'absence d'une partie du couple, m'a déçu. Puis la magie a opéré. J'ai oublié la bande son pour entrer dans la vision flamenca de ces femmes épatantes, et dans la splendeur des couleurs et des ombres valorisée par une mise en scène sobre mais éblouissante.
A la fin du spectacle, une des danseuses s'est avancée vers le public. Elle a remercié l'absente, blessée à une main, qui n'avait pu danser, et qui avait aidé à régler le spectacle "en une heure". J'ai applaudi à tout rompre, comme l'intégralité du public.

10 novembre 2006

Les gays du stade

Les idéologues déistes ont encore frappé, cette fois à Jérusalem, où la Gay Pride prévue ce vendredi a été interdite. Le Vatican, supplétif des intégristes locaux, avait appelé hier à l'annulation de la manifestation afin de ne pas heurter « les sentiments de millions de croyants juifs, musulmans et chrétiens ». A la place du défilé dans les rues de la ville, les gays israéliens ont dû se contenter d'un rassemblement dans un stade. Pour ceux qui n'ont pas oublié le passé (Vel d'Hiv 1942) ou qui ont l'âge d'avoir connu certains événements (Chili 1973), le souvenir des stades est douloureux. Il rappelle que l'intolérance mène à une horreur possible, que les hommes sont toujours capables de reproduire.

01 novembre 2006

Le vent sauvage de novembre

Lorsque j'étais à l'école primaire, nous apprenions des poèmes et des fables parmi lesquels les textes de Jean de La Fontaine prenaient une place éminente. Cependant d'autres auteurs nous étaient soumis pour susciter notre intérêt pour la poésie et essayer de développer notre mémoire. De cette époque déjà lointaine, j'ai toujours gardé le souvenir de la première strophe d'un long poème écrit par un auteur dont j'avais perdu le nom. Je ne savais même plus s'il était de France ou d'ailleurs. Puis, un jour où un malicieux désir nostalgique m'a convié à retrouver le nom de cet auteur, j'ai effectué une recherche sur Internet. Aussitôt cliqué, aussitôt trouvé ! Le nom de ce poète belge est Emile Verhaeren, et le titre du poème Le Vent. Pour célébrer la venue de novembre, un mois de l'année que j'ai toujours adoré, je vous le propose comme un court moment de bonheur littéraire.

Le Vent

Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre,
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs,
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes,
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.

Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d'oiseaux ; Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement, du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
- Le vent sauvage de Novembre ! -
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d'éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Les vieux chaumes, à cropetons,
Autour de leurs clochers d'église,
Sont ébranlés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent, comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.

Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d'ahan,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d'ahan,
L'avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes ;
L'avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n'en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ?

Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,
Voici le vent cornant
Novembre.

Emile VERHAEREN, Les Villages illusoires (1894)

29 octobre 2006

Sous-marin aux Tuileries...




Voici quelques photos étranges ou tout simplement jolies - de mon point de vue, prises au fil de mes promenades parisiennes. Hôtel de ville de Paris la nuit, pont enjambant la Seine, sous-marin dans un bassin du jardin des Tuileries...

28 octobre 2006

Festival Paris-Banlieues Tango

J'ai découvert le Festival Paris-Banlieues Tango voici quelques jours par le biais d'Internet. Il n'est jamais trop tard me diront les amateurs de tango, puisqu'il s'agit de la 9ème édition de ce festival. Bref, moi qui apprécie cette musique en amateur, je me suis rendu hier à la Cité Internationale des Arts, située dans le 4ème arrondissement à Paris, pour assister à un concert de l'Ensemble Montréal Tango créé par le pianiste Victor Simon en 1998. J'ai été enchanté, et c'est la raison pour laquelle je vous invite à profiter vous aussi de ce festival de tango qui se poursuivra jusqu'au 3 décembre.

23 octobre 2006

De Paris à Luanda

Les journalistes français s'étonnent de leur courage parce qu'un documentaire sur Jacques Chirac, réalisé par Patrick Rotman, va être diffusé ce soir à la télévision. Parler du président ? Quel courage en effet ! Ce serait prendre le risque de ne plus être invité au pince-fesse du 14 Juillet ou de ne plus faire partie des voyages présidentiels. Déplaire, voilà le mot qui fait peur. Déplaire parce que telle ou telle remarque sur le président pourrait nuire à son image. On croit rêver. Je me souviens d'un voyage effectué il y a quelques années en Angola. A l'époque, j'avais rencontré le correspondant de l'AFP dont le travail en cours consistait à prouver le lien existant entre l'assassinat d'un journaliste et le pouvoir. C'était à Luanda, pas à Paris. Cette enquête, vraiment déplaisante, risquait d'envoyer un homme à la mort au nom de la vérité. En mettant en parallèle ces deux histoires, les journalistes français pourront peut-être comprendre qu'un risque n'a pas la même portée ici et ailleurs. En France, on perd au pire une place, ailleurs on perd la vie.

30 septembre 2006

La pouffiasse du pèse-légumes

Ce matin, je fais des courses dans mon magasin d'alimentation habituel. Je prends quelques pommes, quelques patates, une courgette, et m'en vais peser le tout sur l'un des trois pèse-légumes disponibles. Pendant que j'officie, alors que deux autres pèse-légumes sont libres, une pimbêche trentenaire vient poser son sac de légumes sur MON pèse-légumes, sans un regard pour moi, comme si je n'existais pas. Je lui fais remarquer que je suis en train de peser mes propres légumes et que deux autres pèse-légumes sont disponibles. Elle répond : "Mais vous ne l'utilisez pas !" Je lui fais remarquer que si, que je suis en train de déposer un premier sac dans mon cabas, et que je m'apprête à en peser un autre, bref que j'occupe ce pèse-légumes et que, encore une fois, il y en a deux de libres juste à côté. Alors cette pouffiasse monte sur ses grands chevaux en éructant que je ne suis pas seul au monde, tout en demandant : "Mais jusqu'où iront-ils ?", laissant entendre que le goujat c'est moi, alors que non d'un chien, s'il y a bien une gens-foutre dans ce magasin, c'est elle !
Jusque tard dans la matinée, cette pouffiasse a gâché mon humeur.

26 septembre 2006

Thaïlande-Plages

Se méfier. Toujours se méfier. En particulier d'impressions qui ne reposent pas forcément sur la réalité. D'une nouvelle entendue à la radio ou vue à la télévision. Ou de l'absence de nouvelle... Depuis quelques jours, depuis le coup d'Etat militaire en Thaïlande, je m'étonne de n'entendre aucune réaction des intellectuels français, de la gauche française, des professionnels de la profession "droitsdel'hommiste", comme dirait l'autre, d'habitude si prompts à réagir. Mais ce n'est qu'une impression. Je dois me méfier. Sans aucun doute les intellectuels français ont appelé à la mobilisation contre le putsch des généraux thaïlandais. Sans aucun doute la gauche française se mobilise pour venir en aide au peuple martyr. Comment pourrait-il en être autrement ? Si je n'entends rien, c'est que les cris sont trop forts et que mes oreilles se protègent en se fermant. Si je les ouvrais, j'entendrais les appels pour un retour à la démocratie immédiat et sans conditions ! Mais non, il semble bien que personne ne bouge. Des militaires au pouvoir à Bangkok ? Peu importe du moment que l'on puisse partir cet hiver se bronzer sur les plages de Thaïlande. L'important, c'est ça. Le reste on s'en fout !

17 septembre 2006

L'Illusion chronique

J'aime bien Jean-Paul Farré, que j'ai déjà vu quelques fois au théâtre. Dopé par ce point de vue favorable, je me suis rendu encore une fois au Lucernaire pour assister à une fantaisie au royaume des dates, à une Illusion chronique, que Farré a concoctée pour le plaisir du public venir l'applaudir en nombre. Dans ce spectacle, Jean-Paul Farré choisit l'année 1685 comme la nouvelle année zéro à partir de laquelle commence l'histoire avec un grand H. Et il la termine en 1895, parce que l'histoire, ça se finit bien un jour... L'Illusion chronique est un spectacle surprenant parce qu'il nous transporte dans une autre dimension, celle où le temps n'est plus vraiment à sa place. D'ailleurs, j'écris cette chronique aujourd'hui, qui n'est peut-être pas aujourd'hui en fait. Je suis perdu. Farré m'a bien eu avec sa drôle d'histoire du temps !

16 septembre 2006

Géométrie variable et religion

Quelques connaissances mon houspillé après avoir appris ma participation à la manifestation du 03 septembre dernier à Notre-Dame. Je me suis fait traiter de tous les noms parce que j'avais osé m'élever contre Jean-Paul II tombeur du communisme, prêcheur de l'amour universel, symbole de la paix, et je ne sais plus quoi encore.
J'ai d'abord voulu argumenter mais je me suis vite rendu compte que la raison n'était pas le fort des Catholiques. Lorsque j'ai dit que le pape se voulait universel, et que dans ces conditions il s'adressait à tous, catholiques et non catholiques, on m'a répondu que c'était faux. Le pape ne s'adresse qu'à ses ouailles. Ce n'est pas ce que j'ai cru comprendre, mais bon !
Le véritable argument qui m'a fait cesser le combat des idées, c'est au moment où l'on m'a asséné l'argument suivant : "De toutes les façons, les Catholiques n'écoutent pas toujours le message du pape, par exemple en ce qui concerne la contraception ou le préservatif."
Ainsi les croyants se moquent du message de leur chef ! Alors pourquoi une église ? Un pape ? Un dogme ?
Si c'est pour ne pas en appliquer les préceptes, ne vaut-il pas mieux se libérer totalement de l'église ? Et n'est-il pas judicieux alors de dénoncer les propos d'un homme, rien qu'un homme, qui se prend abusivement pour la conscience universelle ?
Ca me renvoie à une histoire entendue ce matin à la radio : A Jérusalem, un patron de bar s'aperçoit que Dieu est à sa table. Il Lui demande : Seigneur, qui des Chrétiens, des Juifs ou des Musulmans vous servent le mieux ? Et Dieu de répondre : Je ne sais pas. Moi, Je ne m'occupe pas des religions mais des hommes...

11 septembre 2006

Service Clientelle SNCF

Madame, Monsieur
J'ai bien reçu le Bon Voyage d'un montant de six euros et quarante centimes que vous avez bien voulu me gratifier à la suite d'une nouvelle mésaventure vécue sur la ligne Granville-Paris le 24 juillet 2006, à savoir un retard de deux heures.
Je vous écris à nouveau pour vous faire part des conditions détestables qui ont été les miennes ainsi que celles de dizaines de voyageurs lors de mon retour sur Paris ce dimanche 10 septembre 2006. Monté à L'Aigle, je n'ai pas trouvé de place tant le train était bondé. Il faut dire que deux rames, un dimanche soir retour de week-end, c'est vite rempli !
A notre arrivée à Dreux, le quai était noir de monde si bien que nous avons fini le voyage jusqu'à Paris comprimés comme dans une boite de sardines.
Ceux qui souhaitaient se rendre aux toilettes devaient abandonner ce voeu bien naturel. De toute manière, même s'ils avaient pu accéder aux latrines, ces pauvres gens auraient dû faire demi-tour puisqu'elles ne fonctionnaient pas.
J'imagine que, depuis que j'écris pour raconter mes déboires avec le service public de la SNCF, vous avez créé un dossier spécial à mon nom. Merci, avant d'y joindre cette nouvelle lettre, d'envisager premièrement une compensation sonnante et trébuchante, secondement un réel effort pour améliorer le confort des passagers sur la ligne Paris-Granville.
Rempli d'espoir, je vous prie de croire, Madame, Monsieur, à l'assurance de ma considération distinguée.

08 septembre 2006

Par timidité

Un ami m'a appris hier que son copain bulgare, en France depuis plusieurs années, n'avait toujours pas de papiers en dépit de ses demandes répétées. La dernière fois qu'il a été reçu à la préfecture de police, le curriculum vitae de son père lui a été présenté. On se demande bien pourquoi ?! Selon mon ami, il s'agissait de faire comprendre à son copain que la police française savait tout de ses origines, et que ce passé ne convenait pas pour obtenir une régularisation. Je précise que le jeune homme est archi diplômé, qu'il parle plusieurs langues et qu'il a déjà travaillé pour de nombreuses entreprises françaises.
Il y a quelques années, j'étais formateur pour des journalistes étrangers. Un jour, un jeune Chinois a débarqué dans nos locaux sachant à peine prononcer deux ou trois mots de français. Chaque matin, en arrivant au bureau, je le voyais dans une salle faire de grands allers et retours entre les tables. Il répétait des phrases en français. Il apprenait notre langue pour pouvoir vite se débrouiller autrement qu'en anglais. Quelques mois plus tard, parfaitement à l'aise et désireux de s'installer en France, il a fait une demande à la préfecture de police. L'Autorité lui a répondu qu'il fallait qu'il retourne à Pékin, fasse une demande par l'intermédiaire de l'ambassade de France et qu'il verrait bien. Il a vu. Lassé d'attendre une réponse, il a fait une demande au Canada. Qui l'a aussitôt acceptée. Il a d'abord vécu à Montréal avant de déménager à Toronto. Désormais il travaille pour le cinéma entre la Chine et l'Amérique du Nord.
Depuis plusieurs années, j'observe l'avancement des travaux de rénovation de l'ancien collège des Bernardins situé dans le Ve arrondissement de Paris. Je suis très admiratif de l'oeuvre accomplie. Une quasi ruine est devenue un bel édifice fin et lumineux. J'ai remarqué que la plupart des ouvriers étaient d'origine maghrébine ou noire africaine. Ils font tous un travail remarquable dont je leur suis redevable. Quand je passe devant le collège, j'ai envie à chaque fois de leur dire merci. Par timidité, je ne le fais pas. C'est un tort. Il faudrait toujours féliciter le talent.

03 septembre 2006

Place des morts du sida



L'inauguration aujourd'hui du parvis Notre-Dame-place Jean-Paul-II est insupportable. Comment une ville comme Paris peut-elle honorer Jean-Paul II, ce pape si rétrograde vis-à-vis de la contraception, si sectaire vis-à-vis des minorités sexuelles, si décalé de la réalité humaine au point de toujours refuser de promouvoir l'utilisation du préservatif ?
Pendant ce temps, le sida ne s'encombrant pas d'une idéologie arriérée a tracé et trace toujours sa route de mort.
Ce matin, la manifestation qui dénonçait cette décision a reçu le soutien d'élus Verts de la majorité du Conseil de Paris. Yves Contassot, adjoint chargé de l'Environnement et Denis Baupin, adjoint chargé des Transports, ont ouvert la marche en arborant leur écharpe d'élus.
Mais ce mouvement d'humeur n'empêchera pas les Verts, demain, de poursuivre leur collaboration avec Bertrand Delanoë. Pourtant comment continuer à travailler avec un maire homosexuel déclaré, qui oublie les malades et les morts du sida au profit d'un Variety Show catholique et qui s'accomode d'une alliance contre nature avec la droite ? Si la résolution proposant cette place Jean-
Paul II a été adoptée, c'est en effet grâce aux voix de la droite ! A Paris, comme au niveau national, la gauche fait vraiment n'importe quoi. C'est triste, affligeant, écoeurant.

02 septembre 2006

Un homme civilisé en bourreau

Je suis encore sous le coup de l'émotion. Hier soir, je suis allé voir une pièce de théâtre absolument terrible adaptée du roman de l'Américaine Kressmann Taylor Inconnu à cette adresse. Cet échange imaginaire de lettres entre un Juif américain et son ami allemand retourné dans son pays peu de temps avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir montre comment un homme peut tomber progressivement dans le piège du fanatisme et de l'antisémitisme. Xavier Béja et Guillaume Orsat accompagnés par François Perrin au violon apportent une force supplémentaire au texte grâce à leur jeu et à une mise en scène épurée. Chaque lettre n'est pas lue, elle est clamée par son auteur. Elle est adressée yeux dans les yeux à son destinataire, ce qui a pour effet de renforcer le poids de sa charge émotionnelle d'abord positive ensuite dramatique. Dans un premier temps dubitatif sur Hitler, l'ami allemand acceptera au fil des mois certains arrangements avec la violence à l'égard des Juifs, avant de devenir farouchement antisémite. L'homme providentiel a transformé un homme civilisé en bourreau.
Dans la petite salle du Lucernaire, le public est littéralement paralysé par l'émotion. Lorsque la pièce se termine, le silence est total. Il faut un long moment pour que les applaudissements fusent afin de saluer et remercier les acteurs pour ce moment intense. Je pense que chaque soir, cette réaction est identique. Elle signe la réussite d'un texte majeur et d'une pièce à voir absolument.

30 août 2006

Un saint mystère

En traversant le jardin du Luxembourg, je suis passé devant la statue de Sainte-Beuve. Je me suis souvenu alors d'une anecdote racontée par le professeur Jean Bernard, un jour qu'il était interviewé sur une radio. A l'époque, et peut-être cela a-t-il duré jusqu'à sa mort le 17 avril dernier, il habitait dans un appartement surplombant le Luxembourg. Il avait expliqué, si je m'en souviens bien, que presque chaque matin, il apercevait de ses fenêtres une femme reccueillie devant la statue de Sainte-Beuve. La première fois, il lui sembla qu'elle priait. Cette impression se confirma lorsque cette femme, avant de se retirer, fit un signe de croix. Ainsi, quelle étrange croyance, quelle étrange relation cette femme entretenait-elle avec ce poête, avec cet homme, au point d'en faire un saint ? Ou était-ce seulement ce "saint" rattaché à ce Beuve qui en déterminait la sainteté ? C'est sur ce mystère, je crois, que Jean Bernard s'interrogeait. Un drôle de mystère, ma foi, bien plus humain et bien plus intéressant que les mystères du ciel.

27 août 2006

Sous le ciel de Medellin

J'ai bien fait de me méfier du destin. Arrivé au Lucernaire, une jeune femme installée derrière un guichet m'a appris qu'Inconnu à cette adresse faisait relâche exceptionnelle ce samedi soir.
Je suis donc allé au cinéma.
Rosario est un film colombien d'Emilio Maille avec Flora Martinez et les beaux Unax Ugalde et Manolo Cardona. Adapté du roman de Jorge Franco Ramos La Fille aux ciseaux, Rosario raconte l'histoire de deux jeunes gens de bonnes familles épris d'une fille énigmatique, qui s'avèrera être une tueuse à gages. Amour, sexe, violence et mort s'entremêlent sous le ciel splendide de Medellin. C'est beau et terrible, c'est la Colombie des années 1980, la Colombie où tout est possible comme voir des cadavres se saouler et sniffer au lieu de pourrir dans un cimetière. J'ai adoré.

26 août 2006

Les Mauvaises au Lucernaire

Un ami m'a dit récemment : "La province, c'est bien pour les week-ends ou les vacances". Par cette sentence, il signifiait qu'il n'y a rien de bien intéressant au-delà du périphérique parisien sur le plan de la diversité culturelle."Regarde, poursuivait-il, tu disposes à Paris d'une multitude de théâtres, de musées, de salles de cinéma, de concerts ; en une année tu ne peux pas remplir toutes tes soirées !" J'ai vite clos ce débat pour échapper à cette thèse bobo qui a le don de m'énerver.
Cette introduction pour vous dire que je suis allé hier soir au théâtre Lucernaire voir Les Mauvaises sur les conseils d'une amie violoncelliste. Deux filles, violoncellistes, – Blanche et Rose – retracent avec beaucoup de poésie et... d'originalité "plus de six siècles de musique en moins d'une heure dix"...Les filles sont drôles, certes, mais je trouve qu'il leur manque un petit quelque chose qui rendrait leur spectacle plus dynamique. Il y a quelques longueurs, et je trouve que leurs intermèdes musicaux auraient été plus efficaces s'ils avaient constitué une véritable performance violoncelliste. Si je ne me suis pas ennuyé, si j'ai ri pas moments, je n'ai pas toutefois été transporté par ce spectacle. Ceci dit, Patricia Clément et Martine Thinières sont à suivre.
Ce soir, si rien ne s'interpose d'ici là, je prévois d'aller voir une autre pièce à l'affiche au Lucernaire : Inconnu à cette adresse.
Ps : J'allais oublier de vous raconter cette anecdote. Hier soir, avec cinq autres personnes, je suis monté au deuxième étage du Lucernaire pour rejoindre la salle de spectacle. Le placement étant libre, nous nous sommes installés et avons attendu que le spectacle commence. Seulement, à 18 h 25, cinq minutes avant les trois coups, un jeune homme est venu nous dire que nous n'aurions pas dû être là. "Normalement, vous devez attendre en bas que les ouvreuses viennnent vous chercher". Comme nous ne bougions pas, le jeune homme est allé chercher une ouvreuse en renfort, qui nous a fortement invités à redescendre. Une dame âgée, marchant difficilement, a été généreusement autorisée à stationner à l'étage jusqu'à l'ouverture "officielle" de la salle. Quant à nous, nous sommes redescendus. Puis nous sommes remontés. Certains ont donné une pièce à l'ouvreuse. Incroyable, non ?!

24 août 2006

Comme on croit à Ségolène...

Le Monde, dans un feuilleton de l'été titré "Les sept élections présidentielles" raconte ce 24 août 2006 l'élection de François Mitterrand le 10 mai 1981. A l'époque, j'avais 19 ans, et je votais pour la première fois. Je devais cet honneur citoyen à Valéry Giscard d'Estaing qui sept ans plus tôt avait abaissé la majorité à dix-huit ans.
Je me souviendrai toute ma vie de ce 10 mai 1981, 20 heures, lorsque le portait de Mitterrand est apparu sur l'écran de télévision. J'ai dit, effondré : "Pauvre France".
Je m'étais totalement impliqué dans la campagne électorale en faveur de Giscard distribuant des tracts et collant des affiches la nuit. J'y croyais à l'époque, à cette victoire, à la nécessité de cette victoire pour éviter à la France de subir la politique désastreuse des "socialo-communistes". Puis Mitterrand l'a emporté. Rapidement je crois, j'ai adhéré au Centre des Démocrates Sociaux, composante de l'UDF, pour préparer une alternance que je croyais rapide. Hélas ! Cela ne s'est pas déroulé comme je l'espérais.
En 1985, j'ai quitté le CDS, dégoûté par les magouilles d'appareil, et approfondissant ma réfléxion sur la tromperie dont j'avais été victime. Car toute ma jeunesse, mon environnement familial m'avait dit et répété qu'une victoire de la gauche signifierait l'effondrement du pays et l'arrivée des chars soviétiques place de la Concorde. Je croyais à ce discours comme on croit aujourd'hui à Ségolène...
Les années passant, j'ai compris que la droite mentait aussi bien que la gauche, et que la morale politique n'appartenait à aucun clan.
Quelque temps, j'ai voté socialiste. Mais aujourd'hui, en particulier depuis le référendum du 29 mai 2005, date à laquelle les socialistes ont trahi l'Europe politique, je suis incapable de voter pour eux.
2007 sera une année étrange, trouble et redoutable qui ne m'inspire pas, mais alors pas du tout !

23 août 2006

Du Rwanda à Cuba

J'avais prévu dimanche dernier de faire un saut à Provins pour découvrir cette cité médiévale située ferroviairement à 1 h 20 de Paris. Mais je me suis réveillé trop tard et mon projet a avorté. A la place, je suis allé au Palais de la Découverte que je n'ai pas fréquenté depuis au moins vingt ans. Ce n'était pas tant pour me replonger dans les délices de l'enfance auxquels renvoie obligatoirement ce Palais de la science. D'ailleurs nombreux étaient les mômes qui se précipitaient sur les expériences à faire soi-même du genre "Soulevez-vous même un poids de cent kilos", ou "Apprenez à évaluer votre vue". Non, j'y suis allé pour l'exposition sur les gorilles visible jusqu'au 26 novembre 2006. Comme beaucoup de gens, ces animaux me passionnent, et je fais partie de ceux qui ont eu le souffle coupé en découvrant en 1989 le film Gorilles dans la brume, avec Sigourney Weaver, qui retraçait la vie de l'anthropologue américaine Dian Fossey. Au Palais de la Découverte, grâce à de magnifiques photos et au film documentaire d'André Lucas, j'ai retrouvé l'ambiance du film et, plus important, la conviction que les gorilles doivent être protégés coûte que coûte. A ce propos, il faut saluer ce projet européen qui a permis d'accroître en quelques années la population des gorilles de montagne de 17 % au Rwanda !
Plus tard dans l'après-midi, je me suis arrêté à la Maison européenne de la photographie pour voir l'exposition Angel Marcos à Cuba. Comme toujours, on ressent un sentiment de nostalgie en s'extasiant sur les "Américaines" des années 1950 que l'on voit circuler dans les rues de La Havane. Nostalgie aussi en s'arrêtant sur une ville figée dans un passé prérévolutionnaire comme s'il s'agissait d'une carte postale envoyée autrefois de là-bas par un grand-parent. Mais non, il s'agit bien d'aujourd'hui, et l'on comprend alors ce qu'est la faillite économique du régime castriste. Quel gachis et quelle horreur que ce pouvoir dictatorial incapable de développer le pays et opprimant les démocrates, les intellectuels et, ne les oublions pas, les homosexuels. Pour ceux que cet aspect de la Révolution cubaine intéresse, je leur conseille le livre de Reinaldo Arenas, Avant la nuit.
Voilà. Bon week end ma foi, que j'ai terminé devant la webcam à discuter avec mon ami Nelson de Bogota. Nous sommes convenus que j'irais le voir l'année prochaine en Colombie. Décidément, ce week end fut remarquable.