30 juin 2006

Là-bas j'y étais

J'ai intégré France Inter le 29 juin 1987 à l'occasion d'un stage d'été, diplôme de journalisme en poche. Je me souviens très bien du premier matin. Il était 8 h 45 et Frédéric Désert préparait le flash de 9 h. A peine les présentations faites, il me dit : "Tu tombes bien, il me faut quelqu'un pour écrire un papier sur la grève d'Air Inter. Tu as un quart d'heure..." A 9 h, j'étais à l'antenne.
Je suis resté dix ans à la Maison de la radio travaillant à peu près pour toutes les stations : France Culture, France Musique, France Info, Radio Bleu et FIP. FIP est la rédaction où je suis resté le plus longtemps à cause d'un emploi du temps idéal. Les tranches 7 h / 13 h ou 13 h / 20 h me permettaient de travailler pour des radios étrangères et de former des journalistes étrangers.
En août 1997, un responsable de l'information usant de son pouvoir discrétionnaire de chef décida de m'évincer de Paris en me proposant ce choix ubuesque : ou la porte ou une mutation à la locale de Châteauroux. J'ai préféré ouvrir une fenêtre sur un nouveau monde : j'ai quitté et la radio et le journalisme.
De France Inter, je garde le souvenir heureux des premiers mois. Affecté aux flashes de nuit en remplacement du titulaire parti à la retraite, je me suis parfaitement adapté à la vie nocturne. La rédaction, il est vrai, était très vivante. Elle le devait en partie aux dactylos qui tapaient à la machine le bulletin que le journaliste leur dictait. La dactylo qui m'accompagnait chaque nuit s'appelait Martine. J'en garde un très bon souvenir. Puis l'informatique est arrivée, les dactylos ont été virées et le silence s'est fait. A la radio, la parole était devenue absente. Un comble !
Je me retrouvais seul face à l'écran de mon ordinateur pour écrire mes nouvelles. A chaque heure de la nuit, je rejoignais le studio où un animateur ou une animatrice me lançait. La première fois que j'ai été présenté par Macha Béranger, qui parfumait le studio et l'éclairait à l'aide d'une petite lampe de chevet, je me suis senti tout chose. Comme tant d'autres auditeurs, je l'avais écoutée parler aux "sans sommeil", et voilà que j'étais à ses côtés !
Il y a quelques jours, j'ai appris qu'après 29 ans de bons et loyaux services, la direction de Radio France avait décidé de se séparer de Macha Béranger. Sur le plan humain, c'est regrettable. Sur le plan professionnel, ce n'est pas un tord. Depuis plusieurs années, "Allô Macha..." avait perdu de sa superbe. Il fallait bien en finir.
En revanche, je condamne l'éviction d'Alain Rey, l'homme qui donne un sens aux mots, dont la dernière chronique s'est déroulée hier matin sur France Inter. Je regrette aussi le changement d'horaire de l'émission de Daniel Mermet "Là-bas si j'y suis", qui passerait en semaine de 17 h à 15 h. Tout le monde sait que le début d'après-midi, en radio, est une tranche de faible écoute.
A l'approche de la campagne présidentielle, n'est-il pas légitime de penser qu'une tentative d'écarter Daniel Mermet, ouvertement gauchiste, est en cours ?
Une chasse aux sorcières n'est jamais digne. Voilà pourquoi j'ai signé la pétition demandant le maintien de "Là-bas si j'y suis" à son horaire habituel. Cependant, je précise que je n'ai pas signé cette pétition pour défendre le gauchiste Daniel Mermet. Je l'ai signée parce que Mermet est l'un des derniers hommes de radio à faire du grand reportage. A mettre la vie en ondes. A faire partager des rencontres inattendues dans un lointain pays ou au coin de nos rues. Cette originalité doit rester à une heure de grande écoute. Elle doit être maintenue pour informer, éduquer, et débattre.
Hier soir, j'étais au gymnase Japy, dans le 11ème arrondissement de Paris, où se tenait une réunion publique de soutien à "Là-bas si j'y suis". Un très grand nombre d'auditeurs de l'émission étaient présents. Autour de Daniel Mermet, plusieurs intervenants se sont succédé à la tribune : Serge Halimi du Monde diplomatique, Florence Aubenas de Libération, le sociologue Patrick Champagne, ou encore Alain Rey et Louis Bozon (photo). J'ai entendu beaucoup de propos caricaturaux mais aussi beaucoup de vérité. C'est assurément pour cette raison que je me réjouis de pouvoir dire, "là-bas j'y étais" !

27 juin 2006

"Zizou, il a niqué les Espagnols"


Alors que la masse assouvissait sa passion du foot et de la bière, j'étais, avec d'autres insoumis, Parvis de l'Hôtel de Ville pour assister au lancement de Paris Cinéma 2006, Le Festival de tous les cinémas. Je me réjouissais de revoir Les Triplettes de Belleville, film de Sylvain Chomet que j'avais eu le plaisir de découvrir en 2003.
La projection venait à peine de commencer que, vers 22 h 45, des hurlements tribaux et des klaxons nationalistes surgirent de toute part : les Français venaient d'éliminer les Espagnols en 8ème de finale de la Coupe du monde de football ! Dès lors, la magie du cinéma était irrémédiablement rompue. Par moments, les cris des fanatiques couvraient les dialogues et la musique si originale du film. Mais le pire était encore à venir. Un jeune homme à la fierté en érection passant devant nos rangs s'exclama : "Zizou, il a niqué les Espagnols !". Cette harangue, entendue ensuite sous plusieurs formes, témoignait à chaque fois du bonheur d'avoir "niqué" les Espagnols. Les supporters de football, visiblement, possèdent un vocabulaire succinct.
En rentrant chez moi, j'ai été soumis tout au long du trajet au nationalisme footballistique contre lequel il est interdit de s'élever. Ne m'extasiant pas au bonheur d'un supporter-chevalier juché sur une mobylette-destrier, je me suis fait injurier et traiter "d'Espagnol". De traitre, quoi ! Souhaitait-il aussi me niquer ?!

24 juin 2006

Fierté homo et ballon rond

Vous penserez peut-être que je suis plutôt tordu de faire un parallèle entre la Coupe du monde de football et la Marche des Fiertés homosexuelles qui s'est déroulée aujourd'hui à Paris. J'assume ma folie, j'ai l'habitude !
Et je m'explique.
Hier, avant la rencontre France-Togo, j'ai entendu dans les médias et en prêtant l'oreille ici et là des propos désobligeants à l'égard des joueurs africains. "C'est une petite équipe ; de toute manière, ils sont déjà éliminés ; on ne va en faire qu'une bouchée..." Les Français voulaient "tuer" l'équipe du Togo pour accéder au tour prochain. Il est vrai que c'est le lot habituel de toute compétition : "tuer" l'autre jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un. Le vainqueur trône sur un monceau de victimes symboliques. Assez pitoyable, non ?!
A l'opposé, la Marche des Fiertés homosexuelles, très critiquée par les "biens pensants", parle de respect, d'égalité et de dignité. Elle n'oppose pas, elle rassemble. Il suffit d'aller à la Marche pour constater que les 600 à 800 000 participants ne sont pas tous homosexuels. Les familles hétérotes s'y précipitent, souvent avec enfants, pour participer à ce qui est une fête. Les hétéros croisent les homos et, souvent, on ne sait plus qui est l'un et qui est l'autre. En effet, parfois sans le savoir, les hétéros ont adopté la façon de s'habiller des homos, de s'arranger les cheveux, de prendre soin d'eux. Allons ! Je m'arrête car je risquerais de tomber dans les clichés...
Il n'en demeure pas moins que la Marche des Fiertés n'exclut pas contrairement à la Coupe du monde de football. Cette thèse me plaît beaucoup. Et les fouteux comme les braves gens de tout poil devraient sagement y réfléchir.

22 juin 2006

Esprit français

L’église Notre-Dame-des-Champs, boulevard du Montparnasse, a accueilli hier un ensemble vocal à l’occasion de la Fête de la Musique. Tout aurait été parfait s’il n’y avait eu les gens. Les gens ! Petites personnes engoncées dans leur sentiment d’importance, pour qui tout est dû comme un droit naturel. Je suis, donc j’ai droit ! Voilà leur credo.
Hier, une foule immense a pris d’assaut la nef centrale pour gagner au plus vite une place assise. Plusieurs personnes, moins rapides, ou arrivées comme moi avec un peu de retard, se sont contentées de rester sur leurs deux pieds pour assister au spectacle.
Des amis, arrivés en avance, m’ont raconté avoir vu des « gens biens », des personnes habillées proprement et parfumées de frais, non pas des « racailles à éliminer au Karcher », se disputer des chaises comme des chiffonniers. D’autres, plus vicieux, ont attendu qu’une personne ait le dos tourné pour s’emparer d’un siège avec autorité. Comme si l’autre n’était rien !
Moi-même, j’ai vu l’esprit français à l’œuvre. La foule s’étant amassée dans les travées, un service d’ordre s’efforçait de dégager le passage pour ceux qui souhaitaient se déplacer ou s’en aller. Les « gens », usant de leur bon droit, « j’y suis, j’y reste », refusaient de bouger, regardant ailleurs pour ne pas croiser le regard des jeunes bénévoles. J’ai trouvé cette attitude déplorable. A l’opposé, une dame asiatique d’un certain âge s’est levée spontanément pour libérer son siège et l’offrir à une dame plus âgée qu’elle.
Parfois, je me dis que c’est cela la France : un pays d’enfants gâtés, mal élevés, et irresponsables. Un pays où, heureusement, des étrangers sont là pour donner l’exemple.

20 juin 2006

Chronique d'une transphobie ordinaire

Un(e) transsexuel(elle) est une personne dont le genre (sexe social) ne correspond pas à son sexe génital (de naissance) et qui choisit de subir une intervention chirurgicale pour un changement de sexe ou qui est en attente d'opération. L'Etat français ignore cette minorité sociale en refusant d'accorder des papiers (carte d'identité, passeport...) basés sur le genre et non sur le sexe génital.
Afin de rendre plus visible la transsexualité, et dénoncer les atteintes dont les transsexuel(elle)s sont victimes, une semaine contre la transphobie est organisée du 19 au 25 juin 2006 à Paris.
Dans le cadre de mon travail, je me suis rendu cet après-midi à l'Hôtel de Ville de Paris, qui a accepté d'accueillir deux tables rondes, l'une consacrée à "La place des Trans dans la communauté LGBT (Lesbienne, Gay, Bi et Trans)", l'autre aux "Revendications des Trans face à l'égalité des chances en France".
Arrivé vers 14 h au 5, rue Lobau, un vigile m'a interdit l'entrée de l'Hôtel de Ville affirmant "qu'il n'y avait pas de réunion de cette sorte prévue aujourd'hui". Un petit groupe de Trans avait déjà été rejeté sur le trottoir et attendait qu'on veuille bien lui donner une explication. N'est-il pas normal, en effet, d'expliquer pourquoi la réservation d'une salle est annulée à la va-vite, alors que des gens attendent de participer à des débats sur des droits citoyens ?! Nous avons attendu longtemps. Au bout d'un très long moment, le chef de la sécurité de la Mairie de Paris nous a avertis que le chef de la communication viendrait nous dire un mot. Nous ne l'avons pas vu. Un élu vert nous a promis qu'il allait demander au chef de cabinet du maire de venir nous parler. Nous n'avons vu ni l'un ni revu l'autre. Bien plus tard, après de multiples coups de téléphone passés à différents services, un accord a été conclu pour qu'une délégation de Trans puisse être reçue par "un responsable de l'Hôtel de Ville". Quand j'ai quitté la rue Lobau, nous en étions là.
N'est-il pas scandaleux qu'une municipalité socialiste ayant à sa tête un maire homosexuel, connaissant donc parfaitement le sujet des discriminations, se conduise d'une telle manière ?! N'est-il pas scandaleux d'interdire l'accès à une salle de réunion le jour même où doit se tenir la manifestation ?! N'est-il pas scandaleux de laisser des intervenant(e)s à un colloque, pour certain(e)s venu(e)s de l'étranger, sur le trottoir ?!
Le mépris que dénoncent depuis longtemps les transexuel(elle)s a pris ce 20 juin 2006 le visage d'un triste sire : celui du maire de Paris.

18 juin 2006

5 machos au bord de l'eau

En dépit des actions menées auprès des jeunes par les activistes de l'égalité, la tradition de la réification de la femme en pur objet sexuel persiste. Je me promenais hier sur un sentier longeant une rivière précédé par deux jeunes filles âgées d'une quinzaine d'années. Sur l'autre rive, 5 petits mecs étaient en train de pêcher. Soudain, ils se sont écriés :
- T'es belle, salope ! J'te veux ! Venez niquer les filles ! Et d'autres tirades du même registre.
L'hétéromachisme, c'est sûr, a encore de beaux jours devant lui.

15 juin 2006

Zurb' est mort

Comme nous voulions aller au cinéma, une amie et moi, j'ai proposé d'acheter Zurban, un hebdo culturel ayant fêté il y a peu son 300ème numéro. Au kiosque situé à côté de la station de métro Père Lachaise, j'ai demandé mon journal.
- Il n'y en a plus, c'est fini, il n'existe plus ! m'a lancé d'un jet le vendeur de journaux.
- Comment ! Zurban ?! Je l'ai encore acheté la semaine dernière, et tout semblait bien aller.
- Peut-être. C'était la semaine dernière. Nous avons été avisé qu'il ne paraîtrait plus. C'est définitif.
Alors le kiosquier s'est épanché.
- C'est la faute des gratuits. Regardez ! Nous sommes à même pas dix mètres du métro. Le matin, ils distribuent leur cochonnerie et tout le monde la prend. J'ai gueulé, je les ai menacés, rien n'y fait. Ils nous tuent, monsieur !
Pourquoi Zurb' est-il mort ? Est-ce la faute des gratuits ? Je ne saurais le dire. En tout cas, j'ai été ému par la colère et la peine de ce kiosquier.

11 juin 2006

Foutchebôl

Hier soir, en me rendant à une soirée, je suis passé devant des bars bourrés de supporters. Parfois des clameurs s'élevaient pour se réjouir d'un but marqué ou vilipender une action infructueuse. Pendant un mois, la coupe du monde de football va nous offrir ce spectacle quotidien.
Moi, je fais partie de cette minorité à qui la folie du football ne parle pas. Par ces temps d'hystérie collective, affirmer cette différence est encore plus difficile que dans les périodes ordinaires. Par folie du football, j'entends ce nationalisme exacerbé à l'échelle d'une ville, ou d'un pays, qui fit croire par exemple que la victoire des Français, en 1998, réglerait les problèmes du racisme hexagonal. Foutaises, bien sûr ! Mais, pendant plusieurs années, cette idéologie "civilisatrice" du football a encombré les esprits.
Donc, si je n'aime pas la folie du foot, j'apprécie tout de même le foot. Le foot ludique et convivial tel qu'il apparaît avec Talons et Crampons. Depuis 1998, cette association réunit l'ensemble des établissements gays et lesbiens pour un grand tournoi de foot spectacle. Cette journée est un joli moment de rigolade. Aujourd'hui, au stade Pershing, dans le bois de Vincennes, j'étais un supporter, et c'était bien agréable.

10 juin 2006

Télé et nanotubes

Claude Allègre, ancien ministre de l'Education nationale, croisé ce matin sur les ondes de France Inter, évoque l'incapacité des médias à parler de certaines sciences. Il prend l'exemple de la chimie, "une science pourtant essentielle aujourd'hui", absente des antennes.
Cet après-midi, alors que je suis au Salon européen de la recherche et de l'innovation, j'apprends l'existence des nanotubes de carbone, dont la découverte remonte au début des années 1990. 10 000 fois plus fins qu'un cheveu, les nanotubes de carbone sont 100 fois plus résistants et six fois plus légers que l'acier. Leur conductivité thermique est supérieure à celle du diamant, et ils réagissent, selon leur structure moléculaire, comme des conducteurs ou semi-conducteurs électriques.
Je tire ces informations d'une note de la société ARKEMA, l'un des premiers industriels à s'engager dans la production des nanotubes de carbone.
Je n'ai pas la bonne réponse pour expliquer pourquoi la télévision, c'est elle la principale visée, ne s'intéresse pas à la chimie et aux nanotubes de carbone. Heureusement, de nos jours, les médias traditionnels ne sont pas les seuls à fournir de l'information. Rien que par Internet, en tapant "nanotubes" dans un moteur de recherches, vous trouverez des renseignements sur ce sujet. Alors, faites-le ! Je vous l'assure, vous ne serez pas déçu par les nanotubes de carbone. Et vous ferez peut-être plaisir à Claude Allègre...

09 juin 2006

Un "journal" qui vous tombe des mains

Près de la gare Montparnasse, un jeune homme costumé en agent publicitaire me tend un journal. Il s'agit de Direct Soir, un nouveau gratuit distribué dans la rue. Depuis quelque temps, des groupes financiers s'amusent à créer des gratuits. Ils parlent de journaux pour faire sérieux. En fait, l'objectif d'informer est moins impérieux que d'offrir un nouvel espace aux publicitaires. Un objet gratuit, distribué en abondance aux portes des gares et des stations de métro, parcouru plutôt que lu permet d'accrocher le regard pour un produit de placement, un cablo-opérateur ou une agence de voyages. Direct Soir est la caricature de ce cheval de Troie. Ce n'est pas 20 minutes, pour reprendre le nom d'un autre gratuit, qui sont nécessaires pour se faire un jugement sur ce "journal", ni 2 minutes, c'est 20 secondes. Le temps de l'ouvrir, de jeter un coup d'oeil à des photos sans intérêt, de constater cette absence flagrante de contenu, et de le jeter dans la poubelle la plus proche. Ce nouveau "journal", ce n'est pas Direct Soir, c'est Direct Choir !

08 juin 2006

Dans la peau de Jacques Chirac

Le 10 mai 1981, à 20 h et quelques secondes, en découvrant le visage de François Mitterrand s'afficher sur l'écran de ma télévision, je n'ai eu aucun doute. Si le candidat de la gauche accédait à la présidence de la République, c'était à cause de Jacques Chirac. Je me souviens encore, dans mon lycée, de jeunes militants RPR me dire : "Au second tour, nous voterons Mitterrand. Ce sera vite l'anarchie, et Jacques Chirac arrivera en sauveur.".
Au soir du 10 mai 1981, je me suis juré de ne jamais voter Jacques Chirac, et de tout faire pour que cet homme ne devienne jamais président. Evidemment, comme des millions de Français, au soir du 21 avril 2002, je me suis délié de ma promesse.
Si je raconte cette histoire, c'est pour expliquer la raison qui m'a fait reculer un temps en apprenant la sortie du film de Karl Zéro et Michel Royer Dans la peau de Jacques Chirac.
Par ailleurs, Chirac a commencé sa carrière politique à une époque où j'étais petit garçon, époque où la télé était en noir et blanc et où les Français roulaient en DS. Sans être totalement nostalgique, j'avais envie de retrouver des images et des sensations de ces années perdues. Je n'ai donc reculé la séance que de quelques jours.
Pour voir Dans la peau de Jacques Chirac, je suis allé au cinéma l'Arlequin, rue de Rennes. Je ne le savais pas, mais la séance était suivie d'un moment avec Karl Zéro venu dialoguer et répondre aux questions des spectateurs.
La façon dont le film a été réalisé, avec des documents d'archives et la voix de l'imitateur Didier Gustin, ne m'a pas dérangé. Pour moi l'important n'était pas là. L'important, c'était de vivre des souvenirs. En ce sens, j'ai été comblé. J'ai retrouvé, comment vous dire, la radio à lampes trônant sur le meuble de la salle à manger, les crèmes au chocolat de la marque Daninos, la 2CV de ma mère, la R16 de mon père, les tubes au néon, Pompidou, Giscard, Marchais, le Programme commun... Ah ! Quelle époque. Je ne regrette rien. Je me souviens. C'est tout.
Le débat qui a suivi le film me permet de vous communiquer deux informations. La première est en lien avec l'Institut national de l'audiovisuel. Selon Karl Zéro, proposition avait été faite à l'INA de partager les bénéfices du film contre la possibilité d'obtenir gratuitement les images d'archives sur Chirac. En fin de compte, l'Institut a décliné l'offre, et a vendu les images au prix fort, "parce que le président de l'INA est désigné par le pouvoir, vous comprenez..." La seconde information est le résultat d'une question posée par un spectateur, question qui m'était aussi passée par la tête : "Auriez-vous pu faire le même film avec un autre homme politique ?" "En tout cas, a répondu Karl Zéro, pas avec Mitterrand, d'une part parce qu'il est mort, et qu'un mort intéresse moins qu'un homme poltique vivant, d'autre part parce que Mitterrand est statufié par les Français. N'est-il pas considéré, selon un sondage, comme le meilleur président de la 5ème République ?!". Karl Zéro a conclu qu'il réfléchissait à un film sur... Nicolas Sarkozy !

04 juin 2006

Le hic catholique

Quand ai-je assisté pour la dernière fois à une messe ? A coup sûr, c'est à l'occasion d'un baptême, d'un mariage ou d'un enterrement. Mais quand ? Je ne sais plus. Il faut croire que dans mon entourage, on ne baptise plus, on ne se marie plus, on ne passe plus par l'église avant de rejoindre sa dernière demeure.
Assister à la communion de mon filleul m'a permis ce dimanche de reprendre contact avec cette culture catholique héritée de mes parents, et plus particulièrement de mon père. Avant sa mort, je me souviens de la messe obligatoire, d'abord fixée au dimanche matin puis, pour une raison oubliée, ramenée au samedi soir. Après la mort de mon père à 48 ans, due à une leucémie, je n'ai plus jamais mis les pieds dans une église sauf pour en visiter, et pour des baptêmes, des mariages et des enterrements...
Aujourd'hui, c'était la communion de mon filleul. C'est toujours sympathique une communion. Les enfants en aube blanche, la famille réunie, le repas de fête, les éclats de rire, tout concourt à faire d'un moment pareil une belle journée. Il n'y a que le passage à l'église qui, pour moi, a posé problème. C'est ainsi. Je suis comme on dit "en rupture" avec ma culture catholique. Comment pourrait-il en être autrement alors que je perçois le monde comme un espace de liberté et d'expériences à vivre, et non comme un théâtre conduisant aux péchés. Entendre un prêtre, en début de cérémonie, demander aux enfants d'avouer leurs fautes, leurs errements, leurs transgressions comme s'ils étaient des criminels me paraît une démarche inadmissible. C'est imposer aux enfants une vision du monde, et d'eux-mêmes, funeste. Inadmissible, oui ! Le catholicisme est une idéologie de la culpabilité. C'est certes ma culture, mais ce n'est plus mon credo. Ma pensée est affranchie.

03 juin 2006

Indécence ferroviaire

Je vous le jure, je ne le fais pas exprès ! Je ne suis pas un provocateur. Je cherche seulement à prendre un train dans les meilleures conditions possibles pour aller d'un point à un autre. Ca ne me paraît pas aberrant, comme demande !
Ce matin, je vais à la gare pour connaître l'horaire des trains partant l'après-midi du lundi 5 juin, il est vrai lundi de Pentecôte, fameux lundi travaillé / non travaillé de soutien aux gérontes français.
L'employé de la SNCF m'imprime trois horaires tout droit sortis de son ordinateur. Je crois l'affaire réglée. Que nenni ! "Voici, me dit-il, ce qui devrait se passer lundi.Toutefois, l'horaire de 13 h 40 n'est pas encore garanti. C'est ce que vient de nous signaler notre direction par l'intermédiaire de ce document papier." Et il me montre le document papier.
"Pour savoir si ce train roule, il faudra appeler le numéro de renseignements téléphoniques (numéro surtaxé bien sûr !) lundi vers 13 h." Soit une demi-heure avant le départ éventuel du train ! "En attendant, nous pouvons faire des réservations. Vous voulez acheter un billet pour ce train ?"
Alors ! C'es moi qui en rajoute sur la SNCF, ou les faits sont-ils convainquants par eux-mêmes ? Je vous laisse conclure.

02 juin 2006

Minutes nippones

En bas de ma rue, en attendant que le feu passe au vert, je remarque un jeune homme aux traits asiatiques plongé dans un plan de Paris. Nos regards finissent pas se croiser. Je lui souris d'un sourire qui permet d'engager la conversation. Il est Japonais, fait ses études d'histoire en Grande-Bretagne et cherche son chemin pour rejoindre Notre-Dame. Je lui propose de l'accompagner puisque c'est ma direction. Ainsi, l'espace d'un instant bien sympathique, j'ai croisé la route d'un étrange étranger.
Nous nous sommes quittés devant la cathédrale, lui pour retrouver un ami, moi pour aller à la seconde journée de la Convention nationale du sida. Cette anecdote matutinale, au-delà du plaisir que j'ai eu de la vivre, me permet de vous signaler le Blog de Suppaiku, un garçon parti à Tokio depuis peu pour y travailler. Pour y vivre ! devrai-je dire, tant sa présence au Japon l'a "revitalisé". Je n'en dirai pas plus afin de vous permettre de découvrir pas vous-même cet étrange Français de l'autre bout du monde.
Quant à moi, je quitte Paris pour trois jours, car mon filleul fait sa communion !

01 juin 2006

Polydrames

Aujourd'hui et demain, j'assiste à l'Hôtel de Ville de Paris à la 3ème Convention nationale sur le sida organisée par Sidaction. Une Africaine raconte qu'elle est contaminée depuis vingt ans. Je l'entends raconter qu'elle a vu mourir ses frères, ses soeurs, ses oncles, ses tantes, ses amis... Un autre Africain prend la parole. Il témoigne des difficultés qu'il rencontre pour se faire soigner en France alors qu'il a une carte de séjour. L'Administration lui met des bâtons dans les roues. Il veut devenir Français ! On lui reproche d'être polygame. Comme cet homme a du répondant, il réplique : "Mais ! Reprochait-on à Mitterrand d'être polygame ?!".