30 novembre 2006

Sida : où sont les candidatEs ?

A la veille de la Journée mondiale contre le sida, la traditionnelle manifestation de solidarité et d'interpellation organisée par ACT UP s'est déroulée ce soir entre la place de la Bastille et le musée Georges Pompidou. Le mot d'ordre choisi cette année était Sida : où sont les candidatEs ?



Voici quelques photos de cet événement.







29 novembre 2006

Quand on se fout du sida


A l'occasion de la Journée mondiale contre le sida, ce 1er décembre, Sida Info Service a réalisé un dossier sur "20 ans d'actions des femmes en politique dans la lutte contre le sida". Michèle Barzach, Corinne Lepage, Elisabeth Guigou, Françoise de Panafieu, Martine Aubry et beaucoup d'autres femmes politiques de droite et de gauche, ont répondu à une interview consacrée à la mémoire du sida et aux perspectives de lutte contre l'épidémie alors que celle-ci poursuit sa progression notamment chez les gays. Toutes ces interviews ont leur intérêt. Toutes sauf une. Ou plutôt cette "interview" mérite qu'on s'y arrête tant elle montre le mépris que certains politiques peuvent avoir pour la question du sida. Valérie Pécresse, pour ne pas la nommer, députée des Yvelines et porte-parole de l'UMP, a envoyé à Sida Info Service des réponses... succintes. Je vous laisse découvrir sur le site de SIS, en cliquant sur le titre de cette chronique, la richesse intellectuelle et la force argumentaire de cette femme, qui ne manqueront pas de rester dans l'histoire du sida. Si le mot honte trouve aujourd'hui un visage, c'est bien celui de Valérie Pécresse.

25 novembre 2006

Soleil rémois

Je ne devrais pas être à Paris ce ouikend mais en Normandie. Vous l'aurez compris, la SNCF est en grève, en tout cas sur la ligne Paris-Granville, et j'ai dû une nouvelle fois annuler mon voyage. Parfois je me demande si le fourre-tout que constitue ce blog ne devrait pas plutôt se recentrer sur les désagréments que procure quasi quotidiennement cette ligne maudite. J'aurais tous les jours de quoi alimenter mes chroniques ! Je devrais y réfléchir alors que Croisements – Le blog d'AP3M viens de franchir les six mois d'existence. Je m'en suis aperçu tout à l'heure et j'en suis assez fier car il est rare que je tienne un projet aussi longtemps.
La première journée de ce ouikend parisien imprévu m'a permis de me reposer des deux derniers jours passés à Reims pour un colloque sur les hépatites. Un colloque, ce n'est pas éprouvant physiquement puisqu'on est assis toute la journée mais il l'est psychiquement. Entendre des discours pendant des heures, prendre des notes, fixer son attention sur un sujet pointu, essayer de comprendre l'intervention de tel ou tel particulièrement mal fagotée, ça use ! Enfin je ne voudrais pas donner l'impression de me plaindre tant ma présence à ces colloques me ravit. Elle me ravit avant tout parce qu'ils permettent de rencontrer des militants associatifs pertinents et combattifs, qui ne se laissent pas compter par les instances officielles. Si l'Etat ne fait pas son boulot, les militants sont là pour le rappeler à l'ordre. C'est essentiel et admirable.
Hier matin, en quittant l'hôtel pour assister à la dernière journée du colloque, je me suis arrêté pour assister au lever du soleil. Heureusement, j'avais mon appareil photo avec moi. Ca me fera là encore un très beau souvenir.

21 novembre 2006

Place des Mythos

Place des Mythos, c’est une pièce de théâtre sur la rumeur et l’homophobie. Je l’ai vue hier soir et j’en suis ressorti fou de bonheur car c'est un spectacle de très grande qualité. Sur scène, une quinzaine de jeunes, garçons et filles. Voici ce qu'ils disent de leur travail :

"Nous le disons dans un spectacle qui fait partie d’un projet culturel qui existe depuis dix ans, qui a mis en place des ateliers artistiques : théâtre, danse hip-hop, musique, chant, percussions... que remplissent les jeunes des quartiers dits « sensibles ». Depuis dix ans, nous montons des comédies musicales sur des sujets qui ont une résonnance dans notre vécu, dans celui de nos potes et même de nos parents : les violences sous toutes leurs formes : sociales, familiales, culturelles ou religieuses.

Sur le plateau il y a : des Noirs, des Blancs, des Arabes, des gars, des filles, des handicapés, des valides, des musulmans, des chrétiens, des juifs... des Français, quoi. Un auteur, un chorégraphe, un compositeur travaillent pour nous et avec nous. Les institutions, tant bien que mal, nous soutiennent : la préfecture de l’Essonne, le FASILD, le ministère de la Justice, la DRAC Ile-de-France, le conseil général de l’Essonne et notre plus fidèle partenaire : la ville de Ris-Orangis. (Ce n’est pas rien tout ça).

Cette année, nous avons choisi de parler de ce qui nous pourrit la vie : la rumeur et l’homophobie.

Venez nous voir et on pourra vous expliquer pourquoi l’éducation vaut mieux que la répression ; que cette pauvre action culturelle à deux balles a détourné des centaines d’entre nous du « mauvais choix », a modifié nos comportements ou simplement sauvé certains d’entre nous d’une histoire familiale abrutissante. N’ayez pas peur, venez, en plus c'est à Paris (et nous on en rêvait !), voir par vous-même ; c’est bien mieux que la télé."

Place des Mythos a été jouée dimanche et lundi. Une prochaine représentation devrait avoir lieu le 13 janvier 2007. J'espère qu'il y en aura beaucoup d'autres ! Pour se renseigner, il suffit d'appeler l'un de ces numéros : 01 69 02 13 27 ou 01 69 02 13 29.

19 novembre 2006

La culture, ça tue !

Persévérer permet souvent de trouver son bonheur. Cette maxime dont je ne sais si elle se vérifie dans d'autres occasions fait assurément tilt avec le FFGLP. J'ai vu cet après-midi Loggerheads de l'Américain Tim Kirman, un beau film sur le destin de trois personnages liés à un quatrième, Mark. Je n'en dirai pas plus sur ce film qui sortira en salle début 2007. Je souhaitais juste, en écho à ma chronique d'hier, signaler que le Festival m'a encore apporté cette année une belle satisfaction cinématographique.
Poursuivant mon ouikend culturel, j'ai rejoint le Vingtième Théâtre pour assister à la représentation de Torch Song Trilogy, une pièce gaie écrite dans les années 1970. Spectacle à voir pour les sujets abordés : amour, homophobie, adoption par les gays (comme quoi ce n'est pas nouveau !), etc.
Ce soir, je suis crevé et je n'ai pas le courage de faire une longue chronique. Si vous êtes plus courageux que moi, n'hésitez pas à laisser vos commentaires sur ce Blog !

18 novembre 2006

FFGLP et Fête des transports

Je prévoyais de faire une petite chronique amicale sur le Festival de films gays et lesbiens de Paris qui se déroule du 14 au 21 novembre au Rex. Seulement ni la Nuit Canal + jeudi, ni les Courts côté garçons hier soir ne m'ont emballé. Ne souhaitant pas jeter la pierre à une équipe qui se démène depuis tant d'années pour faire vivre ce festival, je préfère en rester là. Et puis après tout, je suis peut-être mal tombé, et le reste de la programmation mérite sans doute le détour.
Cet après-midi, je me suis lancé sans le prévoir dans une phénoménale promenade dans Paris. Rive gauche, rive droite, un nombre incroyable de petites rues arpentées.
Arrivé place de la Concorde, j'ai découvert une manifestation sympathique organisée sur le thème des transports. La Fête des transports, aviez-vous connaissance de cela ?! Je me suis arrêté et en ai profité pour prendre quelques photos surprenantes comme celle d'une Ariane 5 en plein Paris,

ou celle de La Jamais Contente, une drôle de petite voiture électrique pilotée par Camille Jenatzy, détenteur belge "du record du monde 1899 par 105 km à l'heure avec accumulateurs Fulmen".

C'est la première fois qu'une automobile franchissait la barre des 100 km/h.Un exploit pour l'époque.

16 novembre 2006

Pom Pom Girl



J'ai repris le travail. Rien d'autre à signaler.

15 novembre 2006

Une conscience disparaît puis renaît

Cette nouvelle publication prouve que je suis toujours là, en pleine forme...
Ce matin, je suis arrivé à la clinique vers 9 h 15 où j'ai été immédiatement pris en charge par une infirmière avenante. Elle a vérifié mon identité, m'a administré un tranquillisant puis m'a conduit dans un box individuel. J'ai été agréablement surpris car en 2001, venu dans cette même clinique pour subir un examen identique, je m'étais retrouvé dans une chambre avec trois ou quatre autres personnes. Cette promiscuité imposée m'avait déplu car je préfère choisir les garçons qui partagent ma chambre...
"Déshabillez-vous entièrement, me dit l'infirmière, enfilez cette chemise, ce bonnet et ces chaussons et vous attendrez qu'on vienne vous chercher." Le ton jovial pris pour me réciter cette formule sans doute répétée des dizaines de fois me convainc que j'étais dans de bonnes mains.
Assis, presque lové dans le creux d'un robuste fauteuil électrique, j'ai attendu mon tour dans un état de douce somnolence parfois troublée par de curieux grognements humains venus de ma gauche. Ces ronflements disparurent assez vite car mon voisin fut bientôt emmené au bloc opératoire. Je pus ainsi profiter tranquillement de mon cher petit domaine hospitalier.
Vers 11 h 30, ce fut mon tour. Un homme à l'accent d'Europe de l'Est prononcé ouvrit le rideau me séparant du monde extérieur et m'emporta dans mon fauteuil devenu lit vers le bloc.
Je me souviens avoir parlé quelques instants avec l'anesthésiste. Je me souviens lui avoir dit que j'acceptais finalement d'être endormi. Je me souviens ensuite d'un masque à oxygène posé sur mon nez. Puis je me revois en train de regarder le plafond. Pour moi, j'étais encore dans la salle d'opération attendant de m'endormir. En fait j'étais dans la salle de réveil. Je trouve cet événement incroyable. Une conscience disparaît, se met en sommeil durant quelques minutes, puis renaît sans s'être rendu compte de rien. Pendant ce temps, le monde continue de tourner, et c'est par rapport à soi qu'il tourne ! L'examen a été réalisé. Une équipe de professionnels s'est occupée de moi. Et tout s'est – bien – passé. Magnifique. Oh oui ! Magnifique. Je suis bien heureux d'avoir vécu cette expérience.

14 novembre 2006

Intérêt catégoriel

Je vais subir demain une petite intervention sous anesthésie en ambulatoire dans une clinique du sud de Paris. C'est l'occasion pour moi de raconter la rencontre toujours intéressante du patient avec le milieu médical. Mercredi dernier, je me suis rendu une première fois à la clinique pour un rendez-vous préliminaire avec l'anesthésiste. Tout s'est très bien passé jusqu'au moment où le médecin m'a demandé si j'avais des problèmes avec mes dents. "Rien de particulier, lui ai-je répondu, si ce n'est une petite douleur au réveil depuis quelque temps lorsque je sers la machoire". "Ca ne m'intéresse pas, a-t-il répliqué sèchement, ce qui m'intéresse, c'est de savoir si vous avez des dents sur pivot par exemple ?" Anecdote sans importance, me direz-vous. Pourtant – est-ce une sensibilité trop grande ?, j'ai ressenti négativement la réaction de ce médecin en l'interprétant comme une fermeture totale à un problème qui me préoccupe malgré tout. Il aurait pu me conseiller d'aller voir mon dentiste au lieu de s'occuper uniquement de sa partie. Ce fractionnement de l'individu en centres d'intérêt purement catégoriels m'a déplû. Pour moi, un médecin même spécialiste doit être à l'écoute globale de son patient. Cette qualité assez rare doit être notée quand elle se produit. Je me souviens avoir fait le choix définitif de mon médecin généraliste lorsque celui-ci après m'avoir ausculté me précisa : "vous savez que cette IST peut être transmissible lors de rapports sexuels non protégés avec un ou une partenaire ?". Et voilà ! Ce qui devait être dit l'avait été sans troubler exagérément l'intimité du patient. Pas besoin d'en rajouter en disant : "Vous êtes homosexuel, non ? Il faut faire attention !". Demain, si tout se passe bien..., je vous raconterai la suite de mon expérience avec les docteurs...

12 novembre 2006

Des larmes au rire

Un collègue m'a parlé de La Cinémathèque française où se déroule actuellement une rétrospective du cinéma expressionniste allemand. Grand amateur de Murnau, il a assisté à plusieurs séances en quelques jours. Tiens, me suis-je dit hier, pourquoi ne pas aller y faire un tour ! C'est ainsi que j'ai découvert que La Cinémathèque française se trouve à 30 minutes de marche de chez moi, qu'il est extrêmement facile de s'y rendre, et que son fonds est d'une richesse extraordinaire. Hier, j'ai vu Moby Dick de John Huston et aujourd'hui L'Homme qui rétrécit de Jack Arnold. J'avais eu l'occasion de voir ces deux films à la télévision, il y a bien longtemps, et j'ai vraiment éprouvé une grande joie à les revoir. L'émotion est toujours aussi grande. Lorsque le capitaine Achab, incarnation du mal, soumet son équipage à sa volonté démoniaque pour retrouver et tuer la baleine blanche, ou lorsque le pauvre Scott Carey, interprété par le superbe Grant Williams, rapetisse et doit lutter contre une araignée monstrueuse pour survivre, on tremble ! Heureusement, une rencontre sympathique m'a vite fait renouer avec une réalité plus agréable. C'est l'avantage du cinéma : il nous fait vite passer du rire aux larmes, ou inversement.

11 novembre 2006

Souvenir de la Grande Guerre

J'ai connu l'existence de mon arrière-grand-oncle Alexandre il y a peu. Un jour, je raconterai pourquoi, et les raisons pour lesquelles il compte autant pour moi.
En mars 1916, il était soldat.
Voici une lettre qu'il a écrite à Emile, son frère.
3 mars 1916
Mon cher Emile,
Le dégel est arrivé et nous pataugeons de plus en plus.
Tout va bien malgé cela. Je crois que les événements vont se précipiter et que nous ne passerons pas ici notre 3ème hiver. J'en ai le ferme espoir.
Reçu carte d'Henri ; il est probable que de son côté ça va chauffer aussi. Toujours beaucoup de besogne.
Je t'embrasse bien affectueusement pour nous deux.
Ton A

Sentires

"Flamenco sous influences" est le sous-titre de Sentires joué actuellement au Vingtième Théâtre à Paris. Arrivé en avance pour être sûr d'obtenir un billet (j'avais téléphoné dans l'après-midi pour réserver mais une machine électronique avait refusé mon paiement par carte), j'ai eu le temps d'entendre quelques échos sur le spectacle. "Magnifique, formidable, je l'ai vu une première fois et je voulais y retourner dès le lendemain !". Ces commentaires confirmaient l'avis d'un oncle et d'une tante eux aussi conquis par Sentires, et qui m'avaient chaudement recommandé le spectacle. Un autre commentaire a toutefois tempéré mes ardeurs. L'une des quatre danseuses se serait blessée la veille et ne serait pas sur scène. Sentires amputé serait-il dévalué ?!
Je connais peu l'histoire du Flamenco. Je n'ai comme référence qu'un spectacle magnifique vu autrefois à la Sorbonne, et un film au titre oublié dans lequel les chants des femmes me rappelaient les cris d'un cochon prêt à être égorgé... Je sais que cette remarque fera hurler les amateurs. Ce fut pourtant mon sentiment.
Pour Sentires, je me suis fié entièrement à mon ressenti. Au début, j'ai eu du mal à entrer dans le spectacle non pas à cause des danseuses, dont le talent est indéniable, mais parce que l'absence d'orchestre me gênait. Je trouve que le Flamenco est aussi une communion entre des musiciens et des danseuses. Or l'absence d'orchestre sur la scène du Vingtième Théâtre, en quelque sorte l'absence d'une partie du couple, m'a déçu. Puis la magie a opéré. J'ai oublié la bande son pour entrer dans la vision flamenca de ces femmes épatantes, et dans la splendeur des couleurs et des ombres valorisée par une mise en scène sobre mais éblouissante.
A la fin du spectacle, une des danseuses s'est avancée vers le public. Elle a remercié l'absente, blessée à une main, qui n'avait pu danser, et qui avait aidé à régler le spectacle "en une heure". J'ai applaudi à tout rompre, comme l'intégralité du public.

10 novembre 2006

Les gays du stade

Les idéologues déistes ont encore frappé, cette fois à Jérusalem, où la Gay Pride prévue ce vendredi a été interdite. Le Vatican, supplétif des intégristes locaux, avait appelé hier à l'annulation de la manifestation afin de ne pas heurter « les sentiments de millions de croyants juifs, musulmans et chrétiens ». A la place du défilé dans les rues de la ville, les gays israéliens ont dû se contenter d'un rassemblement dans un stade. Pour ceux qui n'ont pas oublié le passé (Vel d'Hiv 1942) ou qui ont l'âge d'avoir connu certains événements (Chili 1973), le souvenir des stades est douloureux. Il rappelle que l'intolérance mène à une horreur possible, que les hommes sont toujours capables de reproduire.

01 novembre 2006

Le vent sauvage de novembre

Lorsque j'étais à l'école primaire, nous apprenions des poèmes et des fables parmi lesquels les textes de Jean de La Fontaine prenaient une place éminente. Cependant d'autres auteurs nous étaient soumis pour susciter notre intérêt pour la poésie et essayer de développer notre mémoire. De cette époque déjà lointaine, j'ai toujours gardé le souvenir de la première strophe d'un long poème écrit par un auteur dont j'avais perdu le nom. Je ne savais même plus s'il était de France ou d'ailleurs. Puis, un jour où un malicieux désir nostalgique m'a convié à retrouver le nom de cet auteur, j'ai effectué une recherche sur Internet. Aussitôt cliqué, aussitôt trouvé ! Le nom de ce poète belge est Emile Verhaeren, et le titre du poème Le Vent. Pour célébrer la venue de novembre, un mois de l'année que j'ai toujours adoré, je vous le propose comme un court moment de bonheur littéraire.

Le Vent

Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre,
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs,
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes,
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.

Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d'oiseaux ; Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement, du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
- Le vent sauvage de Novembre ! -
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d'éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Les vieux chaumes, à cropetons,
Autour de leurs clochers d'église,
Sont ébranlés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent, comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.

Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d'ahan,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d'ahan,
L'avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes ;
L'avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n'en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ?

Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,
Voici le vent cornant
Novembre.

Emile VERHAEREN, Les Villages illusoires (1894)