27 mars 2007

Rire jaune

Par deux fois, je suis allé au Salon du livre ce ouikend.
Dans ce lieu public où écrivains et écrivants se pressent, la fébrilité ressentie à découvrir sur un stand ou au détour d'une allée une vedette, une personnalité politique ou un intellectuel perd de sa saveur au fur et à mesure que l'on reconnait un, puis deux, puis trois visages. Tiens ! C'est Richard Bohringer. Tiens ! C'est Amélie Nothomb. Tiens ! C'est Michel Polac. Au bout d'un moment, on ne se retourne même plus sur une personne certes connue, mais devenue si ordinaire au milieu de tant d'autres.
Par deux fois, mon âme sensible a tout de même frémi. Une fois samedi en découvrant Valéry Giscard d'Estaing ; une autre fois dimanche en apercevant à travers une forêt de caméras et de micros François Bayrou, tous deux venus signer leur livre.
Cela m'a fait vraiment plaisir d'apercevoir Valéry Giscard d'Estaing, l'ancien président pour lequel j'ai mené campagne en 1981, et qui fut la cause d'une si cruelle déception. Je ne l'avais pas revu « en vrai » depuis 26 ans, depuis mes 19 ans. Ah ! Que le temps est cruel.
Cela m'a fait plaisir aussi de revoir François Bayrou, mon candidat pour 2007, rencontré pour la première fois mercredi au Zénith, et sur lequel reposent désormais mes espérances.
Croiser ainsi sur un même lieu et à 24 heures d'intervalle le passé et le futur, me paraît assez symbolique de ma vie actuelle. C'est comme si je revivais mon adolescence, et que tout les espoirs d'une vie à construire, m'étaient enfin permis.
François Bayrou, l'avenir. C'est ce que je crois contrairement à certains de mes proches, qui ne voient dans mon candidat qu'un homme de droite ou... un homme de gauche. C'est au choix selon qu'ils soient de droite ou qu'ils soient de gauche. J'expliquais cela hier à mon oncle Raoul, à l'occasion d'un de nos fameux dîners « politiques ». Il y a 25 ans, lui disais-je, peu après avoir décroché un contrat de travail de deux mois dans un petit journal local, deux connaissances de tendances politiques différentes me prirent à partie à quelques minutes d'intervalle alors que je leur annonçais la bonne nouvelle : « Tu ne vas quand même pas travailler pour un journal de droite ?! » « Tu ne vas quand même pas travailler pour un journal de gauche ?! » Sur le coup, cela m'a bien fait rire. 25 ans après, je me demande si ce rire n'aurait pas dû être jaune...

25 mars 2007

"Notre réponse, c'est l'Union européenne"

Texte intégral de la déclaration adoptée dimanche 25 mars 2007 à Berlin par l'Union européenne pour le 50e anniversaire du traité de Rome.
"Pendant des siècles, l'Europe a été une idée, un espoir de paix et de compréhension. Cet espoir s'est aujourd'hui concrétisé. L'unification européenne nous a apporté la paix et la prospérité. Elle a créé un sentiment d'appartenance commune et permis de surmonter les antagonismes. Chacun des Etats membres a contribué à l'unification de l'Europe et à la consolidation de la démocratie et l'Etat de droit. C'est grâce au désir de liberté des hommes et des femmes d'Europe centrale et orientale que nous avons pu mettre un terme définitif à la division artificielle de l'Europe. L'intégration européenne nous a permis de tirer les leçons de conflits sanglants et d'une histoire douloureuse. Aujourd'hui, nous vivons unis, comme jamais nous n'avons pu le faire par le passé.
Notre chance pour nous, citoyennes et citoyens de l'Union européenne, c'est d'être unis.
I) Nous mettons en oeuvre nos idéaux communs au sein de l'Union européenne. L'homme est au coeur de notre action. Sa dignité est inviolable, ses droits sont inaliénables. Femmes et hommes sont égaux.
Nous aspirons à la paix et la liberté, à la démocratie et à l'Etat de droit, au respect mutuel et à la responsabilité, à la prospérité et la sécurité, à la tolérance et à la participation, à la justice et à la solidarité.
La manière dont nous vivons et travaillons ensemble dans le cadre de l'Union européenne est unique en son genre, comme en témoigne la coopération démocratique des Etats membres et des institutions européennes. L'Union européenne repose sur l'égalité des droits et la solidarité. Ainsi, nous concilions de manière équitable les intérêts des différents Etats membres.
Nous protégeons l'identité et les traditions diverses des Etats membres au sein de l'Union européenne. Les frontières ouvertes et la formidable diversité de nos langues, de nos cultures et de nos régions sont pour nous source d'enrichissement mutuel. Nombreux sont les objectifs que nous ne pouvons atteindre qu'ensemble, et non pas seuls. Les tâches à accomplir sont réparties entre l'Union européenne, les Etats membres et leurs autorités régionales et locales.
II) Nous devons relever de grands défis, qui ignorent les frontières nationales. Notre réponse, c'est l'Union européenne. Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons préserver notre idéal européen de société dans l'intérêt de tous les citoyens et citoyennes de l'Union. Ce modèle européen concilie réussite économique et solidarité sociale. Le marché unique et l'euro nous rendent forts. Nous pouvons ainsi maîtriser, dans le respect de nos valeurs, l'internationalisation croissante de l'économie et une concurrence de plus en plus vive sur les marchés internationaux. L'Europe est riche des connaissances et du savoir-faire de ses citoyens; c'est la clé de la croissance, de l'emploi et de la cohésion sociale.
Nous lutterons ensemble contre le terrorisme, la criminalité organisée et l'immigration illégale, tout en défendant les libertés et les droits des citoyens y compris contre ceux qui les menacent. Jamais plus le racisme et la xénophobie ne doivent avoir une chance de s'imposer.
Nous nous mobilisons pour que les conflits dans le monde se règlent de manière pacifique et que les hommes ne soient pas victimes de la guerre, du terrorisme ou de la violence. L'Union européenne veut encourager la liberté et le développement dans le monde. Nous voulons faire reculer la pauvreté, la faim et la maladie et continuer de jouer un rôle majeur dans ce domaine.
Nous avons la ferme intention de progresser ensemble dans le domaine de la politique énergétique et de la protection du climat et contribuer à la lutte contre la menace que fait peser le changement climatique sur la planète.
III) L'Union européenne continuera à se nourrir à la fois de son ouverture et de la volonté de ses Etats membres d'approfondir son développement interne. Elle continuera de promouvoir la démocratie, la stabilité et la prospérité au-delà de ses frontières.
Grâce à l'unification européenne, le rêve des générations précédentes est devenu réalité. Notre histoire nous commande de préserver cette chance pour les générations futures. Il nous faut pour cela toujours adapter la construction politique de l'Europe aux réalités nouvelles. C'est pour cette raison qu'aujourd'hui, cinquante ans après la signature des traités de Rome, nous partageons l'objectif d'asseoir l'Union européenne sur des bases communes rénovées d'ici aux élections au Parlement européen de 2009.
Car nous le savons bien: l'Europe est notre avenir commun."

24 mars 2007

Sidaction 2007


Pour ceux qui veulent aider la lutte contre le sida, favoriser la recherche sur les traitements et soutenir les séropositifs victimes trop souvent encore de discrimination, un seul mot : donnez ! Cette année encore, le Sidaction organise une collecte de fonds par le biais du 110 et de son site Internet http://www.sidaction.org/
L'année dernière, 5, 6 millions d'euros avaient été récoltés. Une somme trop faible compte tenu de l'enjeu. Alors, en 2007, soyons tous solidaires. Appelons le 110 !

22 mars 2007

« Tout a déjà changé »

Pourquoi suis-je allé au Zénith hier soir ? Pourquoi ai-je décidé de me rendre à la réunion publique de François Bayrou alors que je n'ai plus assisté à de tels événements depuis 25 ans* ?! C'est sans doute cela une fibre politique qui renaît. Et que je doive cette renaissance à François Bayrou n'est pas pour me déplaire.
Pendant 25 ans, je me suis intéressé à la politique sans en faire. Du moins la politique des partis, celle qui consiste à militer en distribuant des tracts, en collant des affiches et en argumentant tel ou tel point d'un projet dans des débats contradictoires.
Pendant 25 ans, je n'ai fait « que » m'intéresser à la politique parce l'après « Mai 1981 » m'avait dégoûté de l'action sur le terrain. Entre les Chiraquiens qui ont voté et fait gagner Mitterrand dans l'espoir du chaos, pour mieux s'emparer ensuite du pouvoir – rêve brisé ! - et ces histoires sur les chars de l'Armée rouge qui stationneraient bientôt place de la Condorde en cas de victoire de la gauche, j'ai fini par comprendre que la politique était trop perfide pour moi.
Et puis en 1983, j'ai assisté au congrès de Versailles du CDS, le Centre des Démocrates Sociaux, et j'ai été choqué une nouvelle fois par la petitesse des uns et la fourberie des autres pour la conquête du pouvoir. Je n'étais pas de ce monde, j'en constatais encore l'évidence.
En 1985, alors que je n'étais plus qu'un adhérent, j'ai rendu ma carte en prétextant mon entrée à l'IUT de journalisme de Bordeaux. L'objectivité journalistique, vous savez...
Pendant 25 ans, donc, je n'ai fait que regarder et écouter les joutes politiques sans jamais oublier, ou alors bien malgré moi, de voter. Je tiens ce devoir comme éminent, et je suis toujours amer quand une raison intolérable m'empêche d'accomplir mon devoir électoral.
Alors ce « retour en grâce » politique, que fait naître en moi François Bayrou, est un sentiment fort agréable. Bien sûr, je ne situe pas François Bayrou plus haut qu'il n'est, je ne le prends pas pour un sauveur ou un homme politique d'une classe supérieure. Cependant, qu'il me fasse vibrer en prononçant des mots aussi simples que rassemblement et diversité, et qu'il me fasse à nouveau espérer en affirmant que « le monde a besoin d'Europe »... est entraînant. Qu'il gagne ou qu'il perde, peu importe. Par son action, par l'éclat de sa parole, il a déjà marqué cette campagne électorale, et bien plus, il a marqué l'avenir. Grâce à lui, encore une fois qu'il gagne ou qu'il perde, ses adversaires ne pourront plus tracer leur chemin à leur convenance. Comme l'a dit Bayrou au cours de cette réunion publique au Zénith, « tout a déjà changé ». Cela, c'est déjà une promesse d'avenir.

*Pour être exact, je me suis laissé tenter par une réunion publique d'Arlette Laguiller en 2002 à La Mutualité, plus pour voir « en vrai » un archaïsme vivant de la politique française que par adhésion idéologique, évidemment !

15 mars 2007

Trente ans

Mardi 15 mars 1977. J'ai 15 ans, il est à peine 7 h du matin et je suis encore dans mon lit. Je ne dors pas. J'ai sur les genoux un cahier pour réviser une leçon à propos de laquelle je vais être interrogé quelques heures plus tard. Soudain ma mère entre dans ma chambre, et je comprends. Larmes, douleur et rage se mêlent. Mon père est mort. Mort alors que je l'ai vu deux jours auparavant dans sa chambre au premier étage de la maison familiale. Il est venu pour le week-end avant de regagner le dimanche soir l'hôpital parisien où il est traité pour une leucémie.
Ce dimanche, je me suis retrouvé seul avec lui. Il m'a dit : « Ne t'inquiète pas, tout redeviendra comme avant. »
Lorsque j'ai appris sa mort, je me suis souvenu de cette promesse, que j'ai interprétée comme une trahison. Il m'a fallu beaucoup de temps pour me remettre. Mais se remet-on vraiment d'une mort précoce, surtout lorsqu'il s'agit d'un de ses parents ?!
Trente ans ont passé. Je suis aujourd'hui un adulte, et dans moins de trois ans je serai plus vieux que mon père. Je me demande ce que cela me fera.
Aujourd'hui, curieusement, l'un de mes meilleurs amis a à son tour enterré son père. Je trouve cette coïncidence étonnante et troublante.

11 mars 2007

23 %

J'éprouve un plaisir certain à enregistrer la montée de François Bayrou dans les sondages, et de le voir aujourd'hui à 23 %, à égalité avec Ségolène Royal. Bayrou, le 3ème homme ? Non, aujourd'hui, demain en tout cas, il sera le 2ème, et le 6 mai, je l'espère, le premier. Ceux qui prétendent que Bayrou est un effet de mode, qu'il éclatera comme la bulle Internet voici quelques années en auront pour leur frais.
Par les temps qui courent, j'avoue manquer de modestie, car je me souviens qu'il y a trois quatre mois, lorsque je commençais à défendre publiquement la candidature de François Bayrou, des collègues de travail et néanmoins amis royalistes pouffaient joyeusement et se moquaient de ce pauvre Bayrou, neuneu de province. Et moi, j'étais dans mes rêves, je n'étais pas sérieux. De toute manière le centre n'existe pas.
Aujourd'hui, Bayrou est à 23 %.
Le projet de Bayrou, novateur, révolutionnaire, emporte l'adhésion de ceux et de celles qui veulent véritablement faire bouger les choses. Sa volonté de rebattre les cartes politiques, en faisant exploser le clivage gauche droite traditionnel, permettra enfin de sortir de l'impasse. Depuis 1989, j'attendais qu'un homme, ou une femme, se décide enfin à chasser le modèle politique dans lequel la France a vécu pendant 40 ans. Un modèle devenu archaïque. Qu'un homme venu du centre en soit l'étendard ne peut que me réjouir.
Bayrou à 23 %.
Si les Français ont vraiment du courage, ils iront jusqu'au bout, au-delà de 50 %, pour engager la vraie rupture nécessaire au renouveau du pays.

08 mars 2007

Frayeur et enchantement

Personne ne vient par hasard à Sida Info Service. Depuis que je suis arrivé à l’association en 1999, d’abord comme écoutant, ensuite comme animateur-rédacteur Internet, j’entends cette antienne. Tous, bénévoles ou salariés, nous la répétons, sûrs d’avoir frappé un jour à la porte de SIS parce que pédé, parce que séropositif, parce que proche d’une personne touchée, ou pour une autre raison encore.
Ce sentiment d’appartenance à une cause, la lutte contre le sida, constitue le lien qui unit les membres de notre communauté, en dépit de nos différences et de nos parcours. Certes, être arrivé en 1990 lorsque l’association a été créée, n’a pas le même sens que pour celui ou celle qui a franchi la porte de SIS dans les années 2000. Le contexte du sida a changé. En France, grâce aux trithérapies, on meurt moins, et le cimetière du Père-Lachaise n’est plus aussi fréquenté que durant les années terribles.
Je me fais cette réflexion après être allé voir le dernier film d’André Téchiné, Les Témoins. L’histoire ? Manu, un jeune homosexuel, débarque à Paris au cours de l’été 1984. Sur un lieu de rencontres, il fait la connaissance d’un médecin, qui le présentera à Sarah et Medhi, jeunes parents d’un premier enfant. Au cours des mois qui suivront, une passion amoureuse traversera ces quatre personnages à l’heure du sida, et ceux qui ne mourront pas verront leur vie transformée.
« Etre passé à travers cette épidémie a été fondateur, dit Téchiné. J’avais envie d’en parler, parce que c’est quelque chose qui a beaucoup changé ma vie, ma façon de concevoir les relations, cela m’a fait comprendre que je n’étais qu’un simple mortel. »
Mortel, oui. En 1984, j’avais 22 ans, sans doute le même âge que Manu dans le film. J’aurais pu être lui si mon parcours avait été différent. Si mon père n’avait pas eu un cancer, s’il n’était pas mort l’année de mes 15 ans, si je ne m’étais pas « retiré » du monde à partir de cet instant. J’aurais pu être lui, homosexuel libre et sans tabous jouissant des plaisirs de la vie, et j’aurais pu être contaminé par le virus du sida. En quelque sorte, parce que je n’ai pas vécu pleinement mon homosexualité au cours de ces années 1980, j’ai été sauvé. Ensuite les messages de prévention largement diffusés et suffisamment audibles, m’ont permis de ne pas commettre trop d’écarts…
Les Témoins, « un film historique » , dit encore Téchiné, « même si sa forme est celle d’un conte, un conte pour adultes avec un mélange de moments d’enchantement et de frayeur ». L’épidémie de sida, me semble-t-il, balance elle aussi entre ces mots : frayeur et enchantement. Frayeur pour les séropositifs dont les traitements ne fonctionnent plus, enchantement lorsque de nouvelles molécules ravivent l’espoir. Frayeur quand certains prônent la pénalisation de la transmission du VIH lors de rapports sexuels, enchantement en constatant que des couples séropositifs peuvent profiter, en France en tout cas, de la procréation médicalement assistée pour réaliser leur projet parental.
A la fin du film d’André Téchiné, Manu, très affaibli par le sida, demande à se promener dans Paris. Après s’être maquillé pour estomper les stigmates de la maladie qui agressent son visage, il se rend avec son ami Adrien sur les quais, là où il pourra encore, sans doute pour la dernière fois, rencontrer des garçons. Adrien n’est pas d’accord, il s’inquiète de la faiblesse de Manu, veut le ramener à la maison. « Ca sert à quoi ! » s’exclame-t-il. Alors Manu se tourne vers lui et répond : « Même si ça ne sert à rien, il faut que j’y aille. ». Pour moi, cette phrase possède la force et la justification qui incitent à rester dans la vie, quoi qu’il arrive. Et démontre aussi pourquoi être à Sida Info Service ne relève pas du hasard.

03 mars 2007

La voie du centre

Après plus de 2 mois d'interruption, je reprends aujourd'hui l'écriture de ce blog. Pourquoi me suis-je arrêté ?! La fatigue, l'ennui, et une forme de lassitude qui m'a conduit vers le renfermement. Il fallait bien réagir pour ne pas sombrer. Encore une fois, et combien de fois l'a-t-il fallu au cours de mon existence !, j'ai trouvé les ressources nécessaires au rebond, et me voici à nouveau vivant.
Pour cette reprise, j'ai envie de parler de la campagne électorale. Ce n'est pas un hasard si je retiens ce sujet, car les derniers événements politiques ont contribué à mon retour en forme. Depuis quelques mois en effet, je trouve pertinent la position de François Bayrou, et je défends plusieurs de ses idées. Cela n'a rien d'étonnant au fond, puisque j'ai toujours eu l'âme centriste. En 1981, après l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République, j'ai adhéré au Centre des démocrates sociaux, composante de l'UDF, pour partir à la reconquête du pouvoir. Après ma démission du CDS, à cause d''un virage à droite qui n'a cessé de se poursuivre, j'ai penché à gauche. Eh oui ! Aussi curieux que cela puisse paraître compte tenu de mes origines familiales et sociales, à partir du début des années 1990, j'ai voté socialiste dans bien des cas. J'y vois au moins deux raisons. D'abord, la croyance dans laquelle j'ai été bercée depuis ma naissance s'est révélée fausse. En 1981, les chars de l'armée rouge ne sont pas venus stationner place de la Concorde ! En rappelant cette anecdote bien connue, j'exagère à peine la forme de pensée qui traversait la bourgeoisie française à l'époque. Ensuite, à partir de 1989, année de la chute du mur de Berlin et de l'effondrement du communisme, la donne géopolitique a été bouleversée.
Mon parcours à gauche aura finalement duré peu de temps. Jospin ne m'a pas convaincu lors de sa campagne de 2002, mais surtout Fabius a fini de rompre le fil qui me liait encore au parti socialiste. Sa campagne contre l'Europe en 2005 pour des raisons de stratégie personnelle m'a dégoûté. Alors voir Ségolène Royal le récupérer aujourd'hui pour sa propre campagne présidentielle, basta !
Bayrou donc ! J'y pense depuis plusieurs mois. J'y pense après avoir dit « pourquoi pas », à un certain moment, à Nicolas Sarkozy. Il fallait un sursaut, me disais-je, une volonté forte pour entraîner les Français dans une démarche volontaire de réforme. Cependant, Sarkozy incarne une droite autoritariste, de confrontation d'une partie de la société contre l'autre, dans laquelle je ne me reconnais pas. Ce n'est pas par l'affrontement que nous règlerons nos problèmes, bien réels. François Bayrou, lui, prône le rassemblement des Français pour agir ensemble. Il le fait d'une façon tranquille, centriste, qui me plaît. Au-delà de cette posture, ses propositions me conviennent : relancer la construction de l'Europe en proposant une Europe à deux cercles, en finir avec le 49-3, garantir une véritable indépendance de la Justice en faisant confirmer la nomination du garde des Sceaux par un vote des deux tiers du Parlement, en finir avec les départements en privilégiant les régions... Sa politique, s'il est élu, aura l'avantage de modifier de fond en comble le fonctionnement institutionnel de la France, base du changement attendu. C'est pourquoi j'y crois, et j'espère que bien des citoyens feront le même raisonnement, et apporteront leur voix à François Bayrou.