30 septembre 2006

La pouffiasse du pèse-légumes

Ce matin, je fais des courses dans mon magasin d'alimentation habituel. Je prends quelques pommes, quelques patates, une courgette, et m'en vais peser le tout sur l'un des trois pèse-légumes disponibles. Pendant que j'officie, alors que deux autres pèse-légumes sont libres, une pimbêche trentenaire vient poser son sac de légumes sur MON pèse-légumes, sans un regard pour moi, comme si je n'existais pas. Je lui fais remarquer que je suis en train de peser mes propres légumes et que deux autres pèse-légumes sont disponibles. Elle répond : "Mais vous ne l'utilisez pas !" Je lui fais remarquer que si, que je suis en train de déposer un premier sac dans mon cabas, et que je m'apprête à en peser un autre, bref que j'occupe ce pèse-légumes et que, encore une fois, il y en a deux de libres juste à côté. Alors cette pouffiasse monte sur ses grands chevaux en éructant que je ne suis pas seul au monde, tout en demandant : "Mais jusqu'où iront-ils ?", laissant entendre que le goujat c'est moi, alors que non d'un chien, s'il y a bien une gens-foutre dans ce magasin, c'est elle !
Jusque tard dans la matinée, cette pouffiasse a gâché mon humeur.

26 septembre 2006

Thaïlande-Plages

Se méfier. Toujours se méfier. En particulier d'impressions qui ne reposent pas forcément sur la réalité. D'une nouvelle entendue à la radio ou vue à la télévision. Ou de l'absence de nouvelle... Depuis quelques jours, depuis le coup d'Etat militaire en Thaïlande, je m'étonne de n'entendre aucune réaction des intellectuels français, de la gauche française, des professionnels de la profession "droitsdel'hommiste", comme dirait l'autre, d'habitude si prompts à réagir. Mais ce n'est qu'une impression. Je dois me méfier. Sans aucun doute les intellectuels français ont appelé à la mobilisation contre le putsch des généraux thaïlandais. Sans aucun doute la gauche française se mobilise pour venir en aide au peuple martyr. Comment pourrait-il en être autrement ? Si je n'entends rien, c'est que les cris sont trop forts et que mes oreilles se protègent en se fermant. Si je les ouvrais, j'entendrais les appels pour un retour à la démocratie immédiat et sans conditions ! Mais non, il semble bien que personne ne bouge. Des militaires au pouvoir à Bangkok ? Peu importe du moment que l'on puisse partir cet hiver se bronzer sur les plages de Thaïlande. L'important, c'est ça. Le reste on s'en fout !

17 septembre 2006

L'Illusion chronique

J'aime bien Jean-Paul Farré, que j'ai déjà vu quelques fois au théâtre. Dopé par ce point de vue favorable, je me suis rendu encore une fois au Lucernaire pour assister à une fantaisie au royaume des dates, à une Illusion chronique, que Farré a concoctée pour le plaisir du public venir l'applaudir en nombre. Dans ce spectacle, Jean-Paul Farré choisit l'année 1685 comme la nouvelle année zéro à partir de laquelle commence l'histoire avec un grand H. Et il la termine en 1895, parce que l'histoire, ça se finit bien un jour... L'Illusion chronique est un spectacle surprenant parce qu'il nous transporte dans une autre dimension, celle où le temps n'est plus vraiment à sa place. D'ailleurs, j'écris cette chronique aujourd'hui, qui n'est peut-être pas aujourd'hui en fait. Je suis perdu. Farré m'a bien eu avec sa drôle d'histoire du temps !

16 septembre 2006

Géométrie variable et religion

Quelques connaissances mon houspillé après avoir appris ma participation à la manifestation du 03 septembre dernier à Notre-Dame. Je me suis fait traiter de tous les noms parce que j'avais osé m'élever contre Jean-Paul II tombeur du communisme, prêcheur de l'amour universel, symbole de la paix, et je ne sais plus quoi encore.
J'ai d'abord voulu argumenter mais je me suis vite rendu compte que la raison n'était pas le fort des Catholiques. Lorsque j'ai dit que le pape se voulait universel, et que dans ces conditions il s'adressait à tous, catholiques et non catholiques, on m'a répondu que c'était faux. Le pape ne s'adresse qu'à ses ouailles. Ce n'est pas ce que j'ai cru comprendre, mais bon !
Le véritable argument qui m'a fait cesser le combat des idées, c'est au moment où l'on m'a asséné l'argument suivant : "De toutes les façons, les Catholiques n'écoutent pas toujours le message du pape, par exemple en ce qui concerne la contraception ou le préservatif."
Ainsi les croyants se moquent du message de leur chef ! Alors pourquoi une église ? Un pape ? Un dogme ?
Si c'est pour ne pas en appliquer les préceptes, ne vaut-il pas mieux se libérer totalement de l'église ? Et n'est-il pas judicieux alors de dénoncer les propos d'un homme, rien qu'un homme, qui se prend abusivement pour la conscience universelle ?
Ca me renvoie à une histoire entendue ce matin à la radio : A Jérusalem, un patron de bar s'aperçoit que Dieu est à sa table. Il Lui demande : Seigneur, qui des Chrétiens, des Juifs ou des Musulmans vous servent le mieux ? Et Dieu de répondre : Je ne sais pas. Moi, Je ne m'occupe pas des religions mais des hommes...

11 septembre 2006

Service Clientelle SNCF

Madame, Monsieur
J'ai bien reçu le Bon Voyage d'un montant de six euros et quarante centimes que vous avez bien voulu me gratifier à la suite d'une nouvelle mésaventure vécue sur la ligne Granville-Paris le 24 juillet 2006, à savoir un retard de deux heures.
Je vous écris à nouveau pour vous faire part des conditions détestables qui ont été les miennes ainsi que celles de dizaines de voyageurs lors de mon retour sur Paris ce dimanche 10 septembre 2006. Monté à L'Aigle, je n'ai pas trouvé de place tant le train était bondé. Il faut dire que deux rames, un dimanche soir retour de week-end, c'est vite rempli !
A notre arrivée à Dreux, le quai était noir de monde si bien que nous avons fini le voyage jusqu'à Paris comprimés comme dans une boite de sardines.
Ceux qui souhaitaient se rendre aux toilettes devaient abandonner ce voeu bien naturel. De toute manière, même s'ils avaient pu accéder aux latrines, ces pauvres gens auraient dû faire demi-tour puisqu'elles ne fonctionnaient pas.
J'imagine que, depuis que j'écris pour raconter mes déboires avec le service public de la SNCF, vous avez créé un dossier spécial à mon nom. Merci, avant d'y joindre cette nouvelle lettre, d'envisager premièrement une compensation sonnante et trébuchante, secondement un réel effort pour améliorer le confort des passagers sur la ligne Paris-Granville.
Rempli d'espoir, je vous prie de croire, Madame, Monsieur, à l'assurance de ma considération distinguée.

08 septembre 2006

Par timidité

Un ami m'a appris hier que son copain bulgare, en France depuis plusieurs années, n'avait toujours pas de papiers en dépit de ses demandes répétées. La dernière fois qu'il a été reçu à la préfecture de police, le curriculum vitae de son père lui a été présenté. On se demande bien pourquoi ?! Selon mon ami, il s'agissait de faire comprendre à son copain que la police française savait tout de ses origines, et que ce passé ne convenait pas pour obtenir une régularisation. Je précise que le jeune homme est archi diplômé, qu'il parle plusieurs langues et qu'il a déjà travaillé pour de nombreuses entreprises françaises.
Il y a quelques années, j'étais formateur pour des journalistes étrangers. Un jour, un jeune Chinois a débarqué dans nos locaux sachant à peine prononcer deux ou trois mots de français. Chaque matin, en arrivant au bureau, je le voyais dans une salle faire de grands allers et retours entre les tables. Il répétait des phrases en français. Il apprenait notre langue pour pouvoir vite se débrouiller autrement qu'en anglais. Quelques mois plus tard, parfaitement à l'aise et désireux de s'installer en France, il a fait une demande à la préfecture de police. L'Autorité lui a répondu qu'il fallait qu'il retourne à Pékin, fasse une demande par l'intermédiaire de l'ambassade de France et qu'il verrait bien. Il a vu. Lassé d'attendre une réponse, il a fait une demande au Canada. Qui l'a aussitôt acceptée. Il a d'abord vécu à Montréal avant de déménager à Toronto. Désormais il travaille pour le cinéma entre la Chine et l'Amérique du Nord.
Depuis plusieurs années, j'observe l'avancement des travaux de rénovation de l'ancien collège des Bernardins situé dans le Ve arrondissement de Paris. Je suis très admiratif de l'oeuvre accomplie. Une quasi ruine est devenue un bel édifice fin et lumineux. J'ai remarqué que la plupart des ouvriers étaient d'origine maghrébine ou noire africaine. Ils font tous un travail remarquable dont je leur suis redevable. Quand je passe devant le collège, j'ai envie à chaque fois de leur dire merci. Par timidité, je ne le fais pas. C'est un tort. Il faudrait toujours féliciter le talent.

03 septembre 2006

Place des morts du sida



L'inauguration aujourd'hui du parvis Notre-Dame-place Jean-Paul-II est insupportable. Comment une ville comme Paris peut-elle honorer Jean-Paul II, ce pape si rétrograde vis-à-vis de la contraception, si sectaire vis-à-vis des minorités sexuelles, si décalé de la réalité humaine au point de toujours refuser de promouvoir l'utilisation du préservatif ?
Pendant ce temps, le sida ne s'encombrant pas d'une idéologie arriérée a tracé et trace toujours sa route de mort.
Ce matin, la manifestation qui dénonçait cette décision a reçu le soutien d'élus Verts de la majorité du Conseil de Paris. Yves Contassot, adjoint chargé de l'Environnement et Denis Baupin, adjoint chargé des Transports, ont ouvert la marche en arborant leur écharpe d'élus.
Mais ce mouvement d'humeur n'empêchera pas les Verts, demain, de poursuivre leur collaboration avec Bertrand Delanoë. Pourtant comment continuer à travailler avec un maire homosexuel déclaré, qui oublie les malades et les morts du sida au profit d'un Variety Show catholique et qui s'accomode d'une alliance contre nature avec la droite ? Si la résolution proposant cette place Jean-
Paul II a été adoptée, c'est en effet grâce aux voix de la droite ! A Paris, comme au niveau national, la gauche fait vraiment n'importe quoi. C'est triste, affligeant, écoeurant.

02 septembre 2006

Un homme civilisé en bourreau

Je suis encore sous le coup de l'émotion. Hier soir, je suis allé voir une pièce de théâtre absolument terrible adaptée du roman de l'Américaine Kressmann Taylor Inconnu à cette adresse. Cet échange imaginaire de lettres entre un Juif américain et son ami allemand retourné dans son pays peu de temps avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir montre comment un homme peut tomber progressivement dans le piège du fanatisme et de l'antisémitisme. Xavier Béja et Guillaume Orsat accompagnés par François Perrin au violon apportent une force supplémentaire au texte grâce à leur jeu et à une mise en scène épurée. Chaque lettre n'est pas lue, elle est clamée par son auteur. Elle est adressée yeux dans les yeux à son destinataire, ce qui a pour effet de renforcer le poids de sa charge émotionnelle d'abord positive ensuite dramatique. Dans un premier temps dubitatif sur Hitler, l'ami allemand acceptera au fil des mois certains arrangements avec la violence à l'égard des Juifs, avant de devenir farouchement antisémite. L'homme providentiel a transformé un homme civilisé en bourreau.
Dans la petite salle du Lucernaire, le public est littéralement paralysé par l'émotion. Lorsque la pièce se termine, le silence est total. Il faut un long moment pour que les applaudissements fusent afin de saluer et remercier les acteurs pour ce moment intense. Je pense que chaque soir, cette réaction est identique. Elle signe la réussite d'un texte majeur et d'une pièce à voir absolument.