29 octobre 2007

Mon Sida

Se souvenir du 30 octobre 1987. Il y a tout juste vingt ans. A l'époque, le Nouvel Observateur titrait à la une "Mon sida" par Jean-Paul Aron. Partout en France on ne voyait plus que le regard du philosophe. Partout en France ce fut un déferlement. Tout le monde se précipitait pour acheter le Nouvel observateur. On voulait savoir. On voulait "entendre" ce qu'Aron avait à dire sur sa séropositivité, sur sa maladie, sur SON sida. A l'occasion de ces vingt ans, Sida Info Service a réalisé un dossier souvenir. C'est important le souvenir. Surtout lorsqu'une épidémie est à la fois toujours présente et presque oubliée par le grand public et les médias. Pour se souvenir, donc, cliquez ici.

21 octobre 2007

Touche pas à mon ADN

Je me suis absenté quelques semaines de ce blog parce que mon activité professionnelle a accaparé tout mon temps. Réunions, colloques, rédaction d'articles et d'interviews, mise en route de nouveaux projets. Hélas, il faut bien le dire, j'ai travaillé plus sans pour autant gagner plus. La propagande sarkoziste a fait rêver bien des têtes durant la campagne électorale mais la réalité finit toujours par rattraper les rêves. Si la croyance en des discours simplistes pouvait enfin prendre fin, ce serait un pas en avant et un progrès pour la démocratie française. Mais nous n'en sommes pas encore là. Nous en sommes plutôt, comme l'a dit Philippe Sollers ce matin sur Europe 1, dans le « travailler plus pour penser moins ». L'exemple du test ADN en est un exemple. Certes plus de 250 000 personnes ont signé à ce jour la pétition contre l'utilisation des tests ADN pour authentifier la filiation de candidats à l'immigration. Cependant ce chiffre est bien faible compte tenu de l'enjeu. Les Français semblent se satisfaire d'une politique supputant que tout immigré est un fraudeur, d'une politique laissant supposer que seule la génétique peut fixer le cadre familial, d'une politique élargissant l'utilisation de la génétique au-delà des domaines jusqu'ici très encadrés de la médecine et des enquêtes de police. Mon espoir est faible de voir ce projet rejeté. Néanmoins le Conseil constitutionnel aura, je crois, l'opportunité de se prononcer. J'en attends beaucoup sachant que Jacques Chirac en tant qu'ancien président de la République en est membre de droit. Grâce à lui, qui a voulu la Cité nationale de l'histoire de l'immigration (CNHI) que je suis allé visiter hier, et ses collègues, j'espère que cette loi peu républicaine sera retoquée. La CNHI est une initiative heureuse. Une de ces initiatives qui ne me font pas totalement rejeter Jacques Chirac dans les poubelles de l'Histoire. D'ailleurs, si Nicolas Sarkozy n'est pas venu inaugurer cette Cité, cela prouve à mes yeux que l'idée était excellente. Il suffit d'écouter les témoignages d'immigrés portugais, espagnols, algériens, belges, italiens, indiens, congolais... pour comprendre ce que immigration veut dire. On n'émigre pas par plaisir. On n'émigre pas pour se vautrer dans l'assistanat. On n'émigre par pour prendre le pain des Français. On émigre pour échapper à une guerre, un coup d'Etat, une persécution religieuse ou politique, à la misère sociale. On part en emportant si peu. Une Espagnole parle du « marteau de la guerre d'Espagne ». Un marteau que sa mère a voulu à tout prix emporter lorsqu'elle a fui la terreur franquiste avec sa fille. Un Indien parle d'une serviette aux couleurs mêlées des drapeaux français et indien offert par son grand-père au moment de son départ. Un Africain parle de la couverture que sa mère lui a remis parce qu'il « fait très froid en France ». Ces objets-là sont émouvants. Ces mots-là sont émouvants. Bien sûr une politique ne peut pas se fonder uniquement sur l'émotion. Pas uniquement. L'humain doit rester impérativement au centre des préoccupations des Etats. Visiter la CNHI permet de garder cette dimension à l'esprit. L'humain est l'essentiel, le reste n'est que futilité.

CNHI
Palais de la Porte Dorée
293, avenue Daumesnil
75012 Paris