08 juin 2006

Dans la peau de Jacques Chirac

Le 10 mai 1981, à 20 h et quelques secondes, en découvrant le visage de François Mitterrand s'afficher sur l'écran de ma télévision, je n'ai eu aucun doute. Si le candidat de la gauche accédait à la présidence de la République, c'était à cause de Jacques Chirac. Je me souviens encore, dans mon lycée, de jeunes militants RPR me dire : "Au second tour, nous voterons Mitterrand. Ce sera vite l'anarchie, et Jacques Chirac arrivera en sauveur.".
Au soir du 10 mai 1981, je me suis juré de ne jamais voter Jacques Chirac, et de tout faire pour que cet homme ne devienne jamais président. Evidemment, comme des millions de Français, au soir du 21 avril 2002, je me suis délié de ma promesse.
Si je raconte cette histoire, c'est pour expliquer la raison qui m'a fait reculer un temps en apprenant la sortie du film de Karl Zéro et Michel Royer Dans la peau de Jacques Chirac.
Par ailleurs, Chirac a commencé sa carrière politique à une époque où j'étais petit garçon, époque où la télé était en noir et blanc et où les Français roulaient en DS. Sans être totalement nostalgique, j'avais envie de retrouver des images et des sensations de ces années perdues. Je n'ai donc reculé la séance que de quelques jours.
Pour voir Dans la peau de Jacques Chirac, je suis allé au cinéma l'Arlequin, rue de Rennes. Je ne le savais pas, mais la séance était suivie d'un moment avec Karl Zéro venu dialoguer et répondre aux questions des spectateurs.
La façon dont le film a été réalisé, avec des documents d'archives et la voix de l'imitateur Didier Gustin, ne m'a pas dérangé. Pour moi l'important n'était pas là. L'important, c'était de vivre des souvenirs. En ce sens, j'ai été comblé. J'ai retrouvé, comment vous dire, la radio à lampes trônant sur le meuble de la salle à manger, les crèmes au chocolat de la marque Daninos, la 2CV de ma mère, la R16 de mon père, les tubes au néon, Pompidou, Giscard, Marchais, le Programme commun... Ah ! Quelle époque. Je ne regrette rien. Je me souviens. C'est tout.
Le débat qui a suivi le film me permet de vous communiquer deux informations. La première est en lien avec l'Institut national de l'audiovisuel. Selon Karl Zéro, proposition avait été faite à l'INA de partager les bénéfices du film contre la possibilité d'obtenir gratuitement les images d'archives sur Chirac. En fin de compte, l'Institut a décliné l'offre, et a vendu les images au prix fort, "parce que le président de l'INA est désigné par le pouvoir, vous comprenez..." La seconde information est le résultat d'une question posée par un spectateur, question qui m'était aussi passée par la tête : "Auriez-vous pu faire le même film avec un autre homme politique ?" "En tout cas, a répondu Karl Zéro, pas avec Mitterrand, d'une part parce qu'il est mort, et qu'un mort intéresse moins qu'un homme poltique vivant, d'autre part parce que Mitterrand est statufié par les Français. N'est-il pas considéré, selon un sondage, comme le meilleur président de la 5ème République ?!". Karl Zéro a conclu qu'il réfléchissait à un film sur... Nicolas Sarkozy !

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