27 juin 2006

"Zizou, il a niqué les Espagnols"


Alors que la masse assouvissait sa passion du foot et de la bière, j'étais, avec d'autres insoumis, Parvis de l'Hôtel de Ville pour assister au lancement de Paris Cinéma 2006, Le Festival de tous les cinémas. Je me réjouissais de revoir Les Triplettes de Belleville, film de Sylvain Chomet que j'avais eu le plaisir de découvrir en 2003.
La projection venait à peine de commencer que, vers 22 h 45, des hurlements tribaux et des klaxons nationalistes surgirent de toute part : les Français venaient d'éliminer les Espagnols en 8ème de finale de la Coupe du monde de football ! Dès lors, la magie du cinéma était irrémédiablement rompue. Par moments, les cris des fanatiques couvraient les dialogues et la musique si originale du film. Mais le pire était encore à venir. Un jeune homme à la fierté en érection passant devant nos rangs s'exclama : "Zizou, il a niqué les Espagnols !". Cette harangue, entendue ensuite sous plusieurs formes, témoignait à chaque fois du bonheur d'avoir "niqué" les Espagnols. Les supporters de football, visiblement, possèdent un vocabulaire succinct.
En rentrant chez moi, j'ai été soumis tout au long du trajet au nationalisme footballistique contre lequel il est interdit de s'élever. Ne m'extasiant pas au bonheur d'un supporter-chevalier juché sur une mobylette-destrier, je me suis fait injurier et traiter "d'Espagnol". De traitre, quoi ! Souhaitait-il aussi me niquer ?!

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